Ce samedi matin, à l'aube, le bruit de la pelle mécanique creusant le sable de la plage se mêle aux sons des fortes vagues qui déferlent sur le littoral guyanais. Le soleil se lève à peine, il est l’heure de la marée haute sur les côtes de l’île de Cayenne. Le moment idéal pour intervenir.
L’opération menée par la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL) consiste à creuser un exutoire, un canal, entre le lac des Salines et la mer afin de permettre aux eaux de s’évacuer. Alain Cyrille, directeur de l’hydraulique et de l’environnement à la CACL, observe les opérations.
La méthode est bien rodée. La communauté d’agglomération intervient quatre fois par an sur ce secteur longeant les terrains voisins du siège de la CTG pour rouvrir l’exutoire d’une vingtaine de mètres entre le lac des Salines et la mer. "On réalise cette opération à marée haute afin d’éviter un flux trop important des Salines vers la mer. Le but est d'avoir un système le plus stable possible", détaille l'élu.
Collaboration avec l'association Kwata
Les travaux sont réalisés sur une plage qui accueille chaque année des tortues marines venues pondre sur les côtes guyanaises. L’opération se fait en concertation avec l’association Kwata qui suit l’évolution des tortues marines depuis plus de 25 ans sur les plages de Guyane. Le but est de concilier des travaux contre les risques d’inondations tout en préservant ce milieu où l’an dernier 2000 pontes de tortues luths ont été recensées.
On fait cette collaboration pour permettre d’avoir une intervention concertée. Il ne faut pas de dégâts sur les nids de tortues qui pourraient être éventuellement endommagés avec la pelle.
Thierry Elibox, vice-président CACL délégué aux eaux pluviales et gestion des milieux aquatiques
La saison des pontes des tortues marines vient de débuter sur les côtes de Guyane. Benoît de Thoizy, le directeur de l’association Kwata est associé aux opérations de travaux sur le chenal. Les plages des Salines représentent actuellement le plus grand site de pontes des tortues marines en Guyane.
L’idée est de gérer au mieux ce site avec toutes ces obligations de protection des sites. Ce sont aussi des contraintes du fait que ces deux communes sont très urbanisées. Ce lac des Saline permet de récupérer l’eau mais on est obligés de le vider régulièrement. C’est pour ça qu’on suit l’opération sur les impacts de la vidange, pour arriver à concilier les deux, ne pas détruire le site de ponte tout en préservant les attentes des collectivités.
Benoit de Thoizy, directeur de l’association Kwata
6000 familles vivent dans le secteur des Salines, englobant une partie des plages de Cayenne et Rémire-Montjoly. Ce couloir aquatique rouvert entre la mer et le lac doit éviter les inondations durant la saison des pluies sans pour autant perturber l’arrivée des tortues marines sur les plages de l’île de Cayenne.