Daniel Ho-Kong-King à l’origine du projet interculturel « Travessias Amazonicas » en est le chargé de production. Il a aidé à la réalisation d’une idée du metteur en scène macapaense Paulo Alfaia, un inconditionnel de l’écrivain Elie Stéphenson. Il souhaitait adapter « Un rien de pays » une pièce tirée de l'œuvre théâtrale composée d’une dizaine de pièces du dramaturge guyanais.
« C'est une dramaturgie patchwork »
Paulo Alfaia, metteur en scène originaire de Macapa dirige et scénographie le spectacle. C’est avec un grand enthousiasme qu’il explique ce projet bi national « Traversées amazoniennes » :
« C’est vraiment la possibilité de faire un échange culturel entre le Brésil et la Guyane française. Nous sommes en résidence d’artistes à Macouria pour 15 jours, c’est la première étape. Au mois de juillet les comédiens guyanais viendront en résidence à Macapa pour 15 jours et au mois d’août nous serons tous en résidence à l’Encre pour 15 jours. Les 6 à Macouria et 7 septembre à l’Encre nous présenterons le spectacle en français bien sûr et ensuite à l’université de Macapa. »
Le metteur en scène précise sa démarche :
Nous sommes tous de l’Amazonie avec de fortes similitudes culturelles amérindiennes ou créoles et nous sommes tous de la frontière de l’Oyapock avec ce fleuve qui nous traverse. C’est pour cela que la pièce s’appelle « Traversées Amazoniennes ». Là-bas, il y a le carnaval, ici de même tout comme le tambour. À ce mélange s’en ajoutent d’autres. L’histoire est celle d’un pays imaginaire, ce n’est pas un drame, ce n’est pas une tragédie, c’est un point, un espace, une dramaturgie patchwork. En 2025, c’est l’année de la France au Brésil nous avons déjà le projet de montrer ce travail dans les Caraïbes mais avant il y aura trois représentations dans les communes de l’intérieur.
Paulo Alfaia rappelle qu’Elie Stéphenson est le premier dramaturge de Guyane dont on connaît très mal les écrits. En ce moment dans une université de Rio de Janeiro a commencé un travail de traduction en portugais de l’ensemble de l’œuvre du poète écrivain guyanais.
C'est « tri dimensionnellement » excitant et très enrichissant ! »
Hermina Duro, professeur d’art dramatique fait partie de la petite troupe de 6 acteurs (Ancy Clet, Ivamar Dos Santos, Hermina Duro, Patrick Moreau, Bárbara Vento et Roland Zéliam) et prend grand plaisir à faire partie de cette aventure théâtrale entre deux rives :
« C’est ambitieux ..Un vrai challenge autour d’un texte d'Elie Stephenson qui fait vraiment le lien entre nous...C’est comme être entre deux eaux. D'abord la langue car je ne parle pas le portugais mais je comprends de mieux en mieux... La langue c'est dans les tripes...Je pense qu'il faut sentir pour interpréter et le français et le créole passent par la moulinette sensitive du metteur en scène et cela ouvre à d'autres possibles poétiques et imaginaires...C'est une belle occasion de découvrir des artistes brésiliens, (Barbara, danseuse, comédienne et Yvamar, acteur de télénovelas et musicien) une façon de travailler, une langue, des chants, un univers un peu différent mais si proche car amazonien aussi. C’est cependant très équilibré car il y a aussi des comédiens guyanais comme Patrick Moreau, Roland Zéliam avec lesquels je travaille régulièrement et le musicien Ancy Clet. »
Et d’ajouter :
On apporte tous un bout de nous pour construire une sorte de convoué d'un RIEN de PAYS...On propose comme des fulgurances, des idées, des interprétations qui sont autant de traversées amazoniennes...Paulo Alfaia est un inconditionnel d'Elie Stephenson et son approche est très respectueuse presque monacale quand il parle de ce texte. Enfin, il y a chez eux une dimension et un rapport au sacré qui feront sens dans l’écriture de cette adaptation.
Et puis moi j'ai l’habitude de diriger, d'organiser, de mettre en scène et là il y a aussi un certain confort à se laisser porter et à renouer avec les planches de ce côté. C'est « tri dimensionnellement » excitant et très enrichissant ! »
"Traversées Amazoniennes" a reçu le soutien de la Direction de la Culture de la Jeunesse et des Sports de Guyane - DCJS, du Gouvernement de l'État de l'Amapá - Secrétariat d'État à la Culture – SECULT, de la Préfecture de la Guyane/ Fonds de Coopération Régionale et de Collectivité Territoriale de Guyane et le partenariat d’ORACT : Oyapock Réseau Action- St Georges et du co producteur guyanais" La Compagnie de l'homme Aux Semelles de Vent" ainsi qu'avec le soutien en industrie du Théâtre de Macouria, scène conventionnée d'intérêt National.