Exclusion : le président du Samu social international, Xavier Emmanuelli a inauguré un second car de maraude pour la Guyane

Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social en France en visite en Guyane
Le docteur Xavier Emmanuelli, ancien secrétaire d'état chargé de l'action humanitaire d'urgence de 1995 et1997, fondateur du Samu social international est en Guyane depuis quelques jours. Il est venu accompagné de Marie Chiberre, présidente et directrice du Samu social international. Ce samedi, a été inauguré un car spécialement aménagé pour les maraudes à Cayenne.

Le dernier séjour en Guyane de Xavier Emmanuelli remonte à novembre 2017. Il avait notamment déclaré :

«  Je suis déjà venu de multiples fois en Guyane. L’exclusion est de plus en visible. C’est notre mode vie qui fabrique l’exclusion. »  

Un second véhicule pour les maraudes  

Cette année, alors que le monde vient de subir une pandémie d’une extrême virulence et qui a accentué les situations de précarité et d'exclusion, le président, entre autres objectifs, a inauguré à Cayenne un second véhicule de maraude :

 « C’est un palier supplémentaire pour le Samu social de Guyane. Cela permet d’élargir le périmètre d’action. Symboliquement, c’est un outil de plus dans cette lutte contre la grande exclusion. Les gens sont souvent tellement atteints dans leur corps dans leur psychisme qu’ils ne vont pas vers les secours… Ils n’ont pas la représentation de qui peut les aider. Donc il faut aller à leur rencontre. Le véhicule par définition va à la rencontre des gens qui ne demandent rien et ne peuvent pas formaliser leur douleur, leur errance, verbaliser ce qui ne va pas. Ils sont à l’abandon, il faut aller les chercher. »  

Après deux années de pandémie, il faut se reconstruire et ne pas céder au découragement  

Les Samu sociaux existent dans 17 grandes capitales dans le monde. Ils ont les mêmes missions et objectifs. Comme l’explique Xavier Emmanuelli : Un second véhicule cela montre que l’on grandit. Cela donne une force supplémentaire.

Sur son séjour Xavier Emmanuelli a souligné son attachement à la Guyane « parce qu’il y a un jaillissement de vie ». Un fait qui est important pour un médecin. Ce qui ne l’empêche pas de souligner qu’il faut aider sur tous les fronts.

L’exclusion généralisée prend des formes différentes selon les endroits. Dans certains endroits raconte Xavier Emmanuelli, il y a encore des enfants et des jeunes à la rue ce qui n’est pas le cas à Cayenne. Dans d'autres lieux, l’exclusion est vécue comme une fatalité dont on ne peut pas sortir.
Ces formes d’exclusion différentes selon les pays sont un défi prodigieux notamment en Guyane en raison de son territoire. Il sera très compliqué d’être à la hauteur mais petit à petit précise l’humaniste, il faut s’équiper et former d’autres gens. C’est pourquoi, l’équipe du Samu social de Guyane doit renforcer sa gouvernance et continuer à travailler en synergie avec les institutions d’état ou locales et leur présenter un plan avec les paliers à franchir.

« On sort d’une grosse crise qui a beaucoup atteint tous les professionnels et, mine de rien, toute notre culture occidentale et la Guyane en fait partie. On souffre d’un syndrome post traumatique, les quarantaines, les couvre-feux, les masques… il s’est passé quelque chose qui n’était jamais arrivée dans notre civilisation : un traumatise. Il faut resserrer les rangs, former, reformater en fonction de tout ce qui s’est passé. Il ne faut pas céder au découragement devant l’augmentation de l’exclusion. Il y a eu un coup dur, il faut reprendre ! »    

Xavier Emmanuelli a dirigé la première maraude organisée à Cayenne le 1er juillet 2004 et procédé à l'inauguration du CHRS, (Centre d'hébergement et de réadaptation sociale) le 7 novembre 2007.  

En visite en Guyane depuis le 16 février, il repart le lundi 21 février.