Jean-Luc Ruffinel un photographe guyanais dans l'univers de la mode parisienne

Le Guyanais Jean-Luc Ruffinel, photographe de mode à Paris
Passionné par l’image et la mode depuis son plus jeune âge, le Guyanais Jean-Luc Ruffinel évolue dans le milieu de la mode internationale de luxe. Désormais photographe professionnel reconnu à Paris, il se livre sur son parcours dans le monde de la haute couture et des personnalités publiques.

Jean-Luc Ruffinel a un parcours professionnel atypique et a multiplié les expériences dans différents milieux dont celui de l’informatique. Toutefois, il a toujours associé à ses activités, la photo. Depuis janvier 2024, il a décidé de lancer à son compte comme photographe professionnel. Le projet s’est vraiment concrétisé dans sa tête durant la période de la crise sanitaire covid. À 59 ans, le Guyanais ose un nouveau virage dans un milieu très concurrentiel mais le challenge ne lui fait pas peur.

Le photographe Jean-Luc Ruffinel en action

« C’est une très longue histoire. J’aimais déjà beaucoup la mode en Guyane. Dans les années 80, avec des amis, nous avons réalisé les premiers défilés. Des événements mode avec le Motor’s club. Cela s’est fait en discothèque. J’ai toujours eu le goût pour la photo mais en Guyane je n’avais pas les moyens d’avoir de bons appareils photos. Je n’ai pu acheter mon premier argentique avec l’aide d’une amie que dans les années 90. »

Une expérience forgée au fil des ans

Jean-Luc Ruffinel a quitté la Guyane en 1984. Il a d’abord été chef d'entreprise quelque temps à Saint-Martin avant de s’installer à Paris. Et commence une période riche en enseignements professionnels divers avec en toile de fond toujours cette appétence pour la photographie et la mode.

Jean-Luc Ruffinel et la styliste japonaise Soah

« C’est au Palais de Tokyo à Paris lors d’un événement mode, j’ai rencontré une styliste japonaise Soah. Nous avons sympathisé et elle m’a proposé de la suivre. Elle est spécialisée dans les produits de beauté particulièrement le make up. Et les choses se sont enchaînées. J’ai acquis un matériel numérique. »

Grâce à cette styliste japonaise qui apprécie son œil, les contacts avec les agences deviennent plus faciles. Notre photographe parvient à vendre ses photos et il collabore avec le magazine spécialisé Amilcar. Pour M &P Agency, il sera présent au lancement du parfum de la chanteuse Rihanna pour Sephora au Champs Elysées en 2014.

En 2014 pour la sortie du parfum de Rihanna aux Champs Elysées

Il multiplie les shootings dans les différentes maisons de couture.

L'actrice Viola Davis photographiée par Jean-Luc Ruffinel lors du show Loréal 2024

Déjà en 2011, Jean-Luc Ruffinel travaille à Sciences Po comme technicien spécialisé. Cela l’amène à collaborer au journal de l’institut pour les photos et dans l’organisation des rencontres avec les VIP lors de conférences par exemple.

A Sciences-Po lors d'une exposition collective

« Dans cet endroit, j’ai pu faire beaucoup de photos des personnalités. J’y suis resté quelque temps et Soah m’a introduit auprès de l’agence Osatis afin de travailler pour la maison Chanel à Neuilly qui cherchait un bon technicien faisant aussi de la photo. J’y suis resté 3 ans. Sur chaque défilé je m’occupais de toute la logistique des appareils photos. Cette même agence m’a ensuite proposé un poste chez Louis Vuitton. J’ai formé des managers pour tous leurs sites français en les initiant aux techniques numériques pour leurs publications et autres usages en rapport avec la diffusion. 

Entre février 2020 et 203, le photographe multicarte est intervenant à l’Institut de l’Audition où il assure le suivi des séminaires. Là encore son talent pour la vidéo et la photo lui est très utile. Mais dans sa tête, l’envie de prendre son indépendance se fait plus forte.

« En 2020, j’ai décidé de ne travailler que pour moi de me lancer free lance comme photograph author capable de retravailler les photos. C’est effectif depuis cette année. Pour exercer ce métier, il faut avoir des publications dans des magazines. Depuis longtemps je coopère avec Amilcar magazine. Grâce eux, j’ai notamment les accréditations pour les shows. J’envoie ensuite une sélection de mes shoots et ils achètent ce qui leur convient. »

Jean-Luc Ruffinel en action tout en haut de la pyramide lors d'un défilé à Paris

Un milieu difficile et en pleine mutation

La concurrence est rude dans le milieu du luxe. Pourtant Jean-Luc s’affirme et la concurrence effrénée lors des défilés ne lui fait pas peur. « La chose essentielle dit-il c’est la lumière pour le photographe lorsqu’il n’y en pas, il vaut mieux partir. »

LVMH souligne-t-il regroupe beaucoup de moyens pour gérer de bout en bout la chaîne de production ce qui élimine les petites maisons.
Durant cette dernière décennie, le photographe a observé une évolution avec davantage de métissage des modèles et un changement dans l’organisation des défilés. La pression est forte sur les mannequins. Ces défilés, selon lui, trop gothiques mis en scène dans des ambiances très sombres ne facilitent pas le travail des photographes. Il regrette aussi une certaine forme de désinvolture chez une partie du public invité portée sur une excentricité loin, parfois, de se révéler élégante.
« Dans ce métier il faut être calme et observer avec attention pour saisir le moment afin d’être bien placé. Cette année, j’ai multiplié les défilés et showrooms. Je suis beaucoup allé à la Maison de la Chine où sont présentés des designers asiatiques talentueux. Je tourne dans le monde avec les agences, j’ai pu aller au Japon, à Hong-Kong, en Corée, à Dubaï, à Cuba où j’ai trouvé les gens très vivant malgré un quotidien pas facile. »

Cette semaine, Jean-Luc Ruffinel est présent aux défilés du Salon du Chocolat, un incontournable de la saison. Le photographe se prépare déjà pour les défilés des mois de janvier et février 2025.