On pourrait presque dire que la vedette de ces élections législatives demeure l’abstention citoyenne, tellement elle fait l’objet de conjectures tant au plan national que local. Malgré une campagne active sur les médias, les réseaux sociaux et sur le terrain, les électeurs ont boudé, une nouvelle fois les urnes en Guyane.
Le taux de participation était de 12,05% à 12h et de 22,84% à 17h.
Une abstention qui tient plus que jamais le haut du pavé
Un schéma récurrent depuis 20 ans. Les électeurs guyanais persistent et signent, ils s’abstiennent. Ainsi un rapide retour en arrière nous donne les chiffres suivants concernant l’abstention sur 20 ans lors du premier tour de scrutin :
- 2002 : 68,17% - 1ère circonscription – 63,48% - 2e circonscription
- 2007 : 60,23% - 1ère circonscription – 62,67% - 2e circonscription
- 2012 : 70% - 1ère circonscription – 71% - 2e circonscription
- 2017 : 76% - 1ère circonscription - 73,9% - 2e circonscription
- 2022 : 72,73 - 1ère circonscription - 73,98 - 2e circonscription
Comme on peut le constater depuis 10 ans, ce phénomène de désertion dans les bureaux de vote s’est accentué. Que faut-il en déduire ? Certes, dans la 1ère circonscription, il fallait faire un choix entre 18 candidats, de quoi décontenancer les électeurs d’autant que dans cet échantillonnage, il y avait des personnalités jusqu’alors inconnues de l’échiquier politique. De nouvelles voix qui devaient s’imposer et se faire entendre. Un challenge pas forcément réussi pour la majorité de ces nouveaux venus.
Un « non vote » signe de désespoir ou d’indifférence ?
Cette tendance calamiteuse du « non vote » doit constituer une alerte sérieuse sur l’exercice citoyen en Guyane. Un droit de vote qui n’est pas exercé alors même que la Guyane traverse une crise sociétale profonde. L’exercice politique vidé de son sens souvent associé au laxisme, à la corruption et l’inefficacité. Une campagne menée sur un ressentiment profond à l’égard de la gouvernance à tel point qu'aucun candidat ne représentait officiellement la majorité présidentielle. D’autres candidats faisant montre d’idéologies à géométrie variable passant de la droite à la gauche ou vice versa ou encore à rien, ont accrédité le grief d’opportunisme bassement matérialiste souvent cité par les électeurs.
Autant de paramètres qui brouillent les consciences politiques ou simplement citoyennes et attisent la méfiance. Tout cela étant à mettre en perspective dans un contexte socio-économique particulièrement dégradé avec des revendications fortes sur la vie chère et la montée exponentielle de l’insécurité.
La physionomie du second tour avec deux duels dans chaque circonscription pourrait se révéler plus attractif pour l'électorat. Il oppose dans la 1ère circonscription Yvane Goua et Jean-Victor Castor et dans la seconde Lénaïck Adam et Davy Rimane.
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La bataille sur le terrain de ce second tour devrait se révéler plus âpre.