Mont Fortuné : l'opération de démolition des maisons reportée

Des habitants du Mont Fortuné
L'opération de démolition prévue au Mont Fortuné - en raison des risques de glissements de terrain - ne se fera pas ce 24 avril 2023. La Préfecture a annoncé, ce 23 avril, le report de l'événement à une date ultérieure. Les services de l’Etat vont attendre la décision du tribunal administratif sur le fond de ce dossier.

Coup de théâtre dans le dossier de la démolition de 53 maisons au Mont Fortuné, à Matoury. Alors que l'opération était annoncée pour ce lundi 24 avril, le dispositif - qui doit se tenir dans le secteur Chaumière-Cotonnière et en raison de risques de glissement de terrain - a été suspendu.

Vue sur le Mont Fortuné, à Matoury

La Préfecture attend la décision du tribunal administratif

Tout était réservé : la pelleteuse pour détruire, les gendarmes pour protéger l’opération, un point d'accueil pour accompagner les habitants ayant droit au relogement. Finalement, l’opération a été annulée et reportée à une date ultérieure, a informé dimanche soir la préfecture.

La raison affichée : les services de l’Etat vont attendre la décision du tribunal administratif sur le fond de ce dossier, le juge des référés ayant déjà rejeté en juillet dernier la requête de l’association des habitants de la cotonnière Nord. 

Un sursis pour les habitants du Mont Fortuné

Un sursis donc pour les habitants, qui vivent souvent depuis plus de trente ans au pied ou sur le Mont Fortuné. C’est le cas de Gertrude Berlange, interrogée par Laurent Marot et Brigitte Whaap dimanche matin, avant la décision de reporter l’opération de démolition.

On est à peu près à 12 personnes, on est une famille. La maison a été construite par mon père. On ne va pas sortir, on ne va pas bouger, parce que c'est notre maison. On paie les impôts. Jeudi matin, ils ont débarqué et nous on dit de partir lundi parce qu'ils doivent casser. On va où avec notre famille ? On va où avec nos enfants ?

Gertrude BERLANGE, habitante du Mont Fortuné

 Une décision prise après l'intervention de trois élus

Selon toute vraisemblance, l’intervention des députés Castor et Rimane et du maire de Matoury (Serge Smock) a pesé de tout son poids dans ce dossier : les trois élus ont adressé, le matin du 23 avril, un courrier au préfet (Thierry Queffelec) avec copie au ministre délégué chargé des Outre-mer (Jean-François Carrenco). Peu avant, ils avaient rencontré le secrétaire général de la préfecture à Cayenne, puis les habitants du Mont Fortuné à Matoury.

Réunion entre les députés (Rimane et Castor), le maire de Matoury (Serge Smock) et les habitants du Mont Fortuné.

L’arrêté d’évacuation et de démolition de Thierry Queffelec remonte à mai 2022. Il s’appuie sur un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières datant d’août 2020. Ce dernier identifie un risque d’éboulement important sur cette zone du Mont Fortuné et préconise des études complémentaires et de la mise en place d’un système d’alerte. Ces mesures n’ont pas été mises en place par l’Etat, a dénoncé notamment le député Jean-Victor Castor.

 Des maisons construites depuis plus de 20 ans

Si les maisons visées par les démolitions ont été construites sans permis, le plus souvent dans les années 80 ou 90, beaucoup d’habitants ont tenté de se régulariser au début des années 2000 en achetant leur terrain. Ils ont commencé à verser de l’argent à la propriétaire privée, via un notaire. Selon les habitants, cette démarche a été gelée par la mairie de l’époque. Par la suite, la Semsamar est devenue propriétaire.