Depuis 2001, le lycée Lumina Sophie de Saint-Laurent-du-Maroni a signé la convention d'éducation prioritaire avec Sciences Po Paris. Cela a permis à une quinzaine de jeunes Guyanais de l'ouest d'intégrer cet institut. Cette année, ils sont neuf à tenter l'oral d'admission à Paris.
Neuf élèves du lycée Lumina Sophie ont pris l'avion pour Paris. Accompagnés de deux professeurs, ils vont passer l'oral d'admission du concours de Sciences Po Paris.
Des élèves brillants et très motivés
Un objectif poursuivi depuis qu'ils ont intégré la classe de seconde. Des programmes chargés avec un atelier Sciences Po tous les mercredis après-midi, les petites vacances consacrées aux révisions, des soirées et de week-end à travailler, ces jeunes âgées de 17 à 18 ans se sont donnés les moyens d'être retenus.
Quelques heures avant le départ, la pression monte, plusieurs d'entre eux avouent être stressés, l'oral est prévu le 13 avril et portera sur 12 matières.
Pour Benjamin Donzac, professeur d'histoire-géographie et coordonnateur de l'atelier Sciences-Po Paris :
"Il y a dans ce groupe de très bons élèves scolairement avec une excellente culture générale et pour certains particulièrement investis dans la vie associative collective qui sont très impressionnants. On espère, qu'ils fassent bonne impression et qu'ils soient admis. Je table sur deux, trois et pourquoi pas plus. Mais après cela dépend de Sciences Po. Tous les ans, il y a plus de 1000 candidats, on en retient 110 à 120, donc un sur dix. On ne peut jamais savoir à l'avance, mais cette année nous avons des profils qui peuvent intéresser Sciences Po."
Des candidats qui gèrent leur stress
Dans ce lycée de Saint-Laurent, les élèves viennent d'horizons différents, ces candidats à Sciences Po sont issus des filières scientifique, économique, littéraire.
Ils espèrent être admis, mais dans tous les cas, leur préparation enrichissante a contribué à leur ouverture d'esprit et en font des jeunes mieux préparés à poursuivre des études et à les mener au bout.
Mirlina Jacques, 18 ans est en terminale scientifique se sent prête à affronter son oral de Sciences Po mais redoute les matières scientifiques :
"il y a douze matières, dont la sociologie, la politique, l'économie ... j'aimerai tomber sur le sujet que j'ai travaillé durant l'année. Un sujet plutôt géopolitique sur la Birmanie. Si je tombe sur cela, je suis sûre à 100% de réussir."
Pour Christophe Dulciste, 18 ans en terminale ES après Sciences Po, s'est bien préparé comme ses camarades depuis la 1ère. Dans tous les cas, il sait déjà ce qu'il fera ensuite :
" Sur le plan professionnel, j'envisage, soit d'être professeur d'économie ou professeur de sociologie ou travailleur dans le secteur de l'associatif afin d'aider à améliorer la société."
Pour l'équipe encadrante et professorale, le challenge est exaltant. A Lumina Sophie, il y a beaucoup de potentiel, les ateliers Sciences Po ont permis de changer l'image du lycée. Il y a 10 ans, le taux de réussite au bac était de 45%, maintenant ce lycéee se trouve au même niveau que n'importe quel autre établissement de Guyane à 70/75% de réussite au bac.
La filière Sciences Po en Guyane
Depuis 2001, deux lycées en Guyane ont signé la convention éducation prioritaire Sciences Po. Ils sont à Saint-Laurent-du-Maroni, il s'agit des lycées Lumina Sophie et Bertène Juminer, les deux seuls établissements qui préparent à Sciences Po. Il y en avait sept en 2001 et ils sont actuellement cent dans l'hexagone et l'outre-mer à relever de cette convention. L'institut a atteint ses limites et ne signera pas d'autres conventions.
Les jeunes Guyanais qui voudraient suivre la filière doivent commencer le cursus au lycée Lumina Sophie à partir de la seconde. Les ateliers sont mis en place dès la première.
Le concours est exigeant. Pour les lycées relevant de la convention d'éducation prioritaire, dite conventions ZEP, 151 candidats ont été admis dont 56 en 2006.
Du lycée Lumina Sophie, 15 anciens élèves ont suivi le cursus Sciences Po.
Les oraux Sciences Po démarrent très tôt pour les candidats de l'outre-mer en raison du déplacement long à faire. Pour être définitivement admis, il faut ensuite avoir le bac au premier tour avec ou sans mention.