Passer son permis de conduire en Guyane, un casse tête qui dure

examen du permis de conduire
La Guyane manque de centres d’examen pour passer le permis de conduire et surtout d’inspecteurs. Une problématique qui dure depuis des années malgré une tentative de résolution au moment de la signature de l’Accord de Guyane en 2017. Lors des grandes vacances, l'engorgement des auto-écoles est à son comble.

Raoul, 19 ans, étudiant en commerce dans l’hexagone pensait pouvoir passer son permis durant ses deux mois de vacances. Un espoir vite déçu. Sa mère a entamé un peu tard le tour des auto-écoles :

" Comme cela s'était bien passé avec le premier, j'ai voulu l'inscrire au mois de juin et à ma grande surprise je n'ai trouvé de place nulle part. J'ai fait le tour des grandes auto-écoles pensant qu'elles auraient de la place. Il n'en a rien été, même pour des cours de conduite, cela n'a pas été possible.... Heureusement j'ai fini par obtenir une place pour les cours de conduite et de code au mois d'août mais sans le permis à la clé. Il peut le passer à Montpellier où il étudie ou alors l'année prochaine quand il reviendra en vacances en Guyane."

Un manque patent d’inspecteurs du permis de conduire depuis des années

Sylvie Ketterer, présidente du Syndicat Mobilians éducation routière Guyane depuis 10 ans, fulmine. Elle essaie depuis des années de faire avancer l’organisation de l’examen du permis de conduire en Guyane, une région qui souffre d’un manque patent d’inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière (IPSR) :

" Le permis de conduire avec 1,3 million de candidats par an est le premier examen en France. En Guyane, il y a 2800 permis B (voitures) délivrés chaque année. Pour cela nous disposons de 6 inspecteurs affectés avec un délégué, chef de la cellule éducation routière encore en formation en ce moment. Actuellement, il n’y a que 4 inspecteurs, les deux autres postes sont vacantes et parmi les présents, ils ne sont pas assermentés pour toutes les catégories de permis. Par exemple pour la catégorie poids lourds, ils ne sont que 2. "

En ce qui concerne l’examen pour l’obtention du permis B, il y a des règles précises à respecter pour la période des vacances :

"Nous sommes dans une période estivale, depuis mai nous avons des plannings de conduite qui nous obligent à mettre en priorité les jeunes qui partent en études supérieures ou qui viennent de l’hexagone.  Donc nous faisons des choix car les IDSR manquent. Aux résidents permanents nous devons expliquer cela et c’est une période très chaude ".

Ce qui exaspère plus encore Sylvie Ketterer c’est qu’en 2017, le syndicat Mobilans a signé l’Accord de Guyane où était notifiée l’obligation de disposer de renforts d’inspecteurs en juillet/août pour pallier les congés. Mais depuis 2019, ces fameux renforts sont absents à cette période cruciale.
Il n’y a pas d’explication affichée à cela : demande pas effectuée, manque de moyens, inorganisation… La présidente du syndicat Mobilians déplore cet état de fait qui pénalise le monde du travail et tous ceux qui ont besoin d’être en possession d’un permis pour accéder à certains emplois.

Un plan d’urgence pour rattraper le retard

En Guyane, il y a une soixantaine d’auto-écoles réparties sur l’ensemble du territoire et 3 centres d’examen à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent. A l’ouest par manque d’inspecteurs, les candidats au permis ne disposent que deux jours par mois, ce qui allonge d’autant les délais d’obtention de cet examen si utile.

A cette pénurie d’inspecteurs, lesquels exercent dans des conditions délicates, s’ajoutent d’autres difficultés, notamment celle des nécessaires aménagements des centres d’examen pour réceptionner les candidats. Ils ne sont pas abrités et pas pourvus de toilettes. Par ailleurs, la tâche des auto-écoles est compliquée par une signalisation déficiente. Il manque des marquages au sol, beaucoup de panneaux de signalisation, vieillissants ou sales sont peu visibles…
Selon Sylvie Ketterer, il faudrait des mesures urgentes soient prises tant au niveau des services de l’état que des collectivités pour que l’éducation routière s’effectuent dans de meilleures conditions en Guyane.