Pétrole en Amazonie : entre résistance et euphorie

Plate-forme au large du Guyana sur le site offshore Liza
Le dossier de l’évolution statutaire est sans contexte l’un des marqueurs de l’agenda politique guyanais. Un enjeu politique qui remettra sur la table la question de la maîtrise des ressources du territoire. Cela nous amène à la question de l’exploitation pétrolière dans la région. Si le dernier puits de forage d’exploration en Guyane remonte à 2019 avec l’échec de Total, les ambitions s’aiguisent à nos frontières non sans susciter leur lot d’inquiétudes.

Si les travaux se poursuivent pour l’élaboration du statut sur mesure pour la Guyane, l’accès et la maîtrise des ressources est l’une des compétences qui fait consensus. Certains élus arguent déjà de la nécessité de revenir sur la loi Hulot qui acte l’interdiction d’exploitation d’hydrocarbures après 2040.

Une exploitation pétrolière qui s'intensifie au Suriname et au Guyana

En attendant Total qui a tourné la page recherche en Guyane en 2019 confirme son fort intérêt pour les forages d’exploration au Suriname et au Guyana. Un nouveau gisement a été découvert en début d’année chez le voisin surinamais. Juste à côté, le gouvernement du Guyana, dont le pays produit actuellement près de 350 000 barils par jour, s’apprête à une mise aux enchères de nouvelles zones d’exploration offshore, dits blocs. L’objectif : attirer de nouveaux acteurs. Ils n’auront pas de mal. Exemple de cet appétit, l’américain Exxon y prévoit 60 forages supplémentaires dans les 6 prochaines années alors que le bloc Stabroek en production depuis 2019 vient de dépasser son seuil de rentabilité avec plus de 5 milliards de dollars de revenu généré depuis sa mise en exploitation.

Toutefois, le ministre des ressources naturelles du Guyana Vickram Bharrat, a annoncé à Reuters que le pays prenait le temps de négocier une nouvelle base d’accord de partage de production. L’objectif du Guyana est d’augmenter les redevances pour les futurs projets pétroliers en améliorant la fiscalité. Le gouvernement a indiqué qu’il fera appel à des consultants nationaux et étrangers. Le Guyana réfléchit aussi à créer un organisme de régulation de l’énergie mais aussi une compagnie étatique. 
L’an dernier le Guyana a connu une croissance de 48%. C’est la plus forte croissance au monde selon la banque mondiale. Il faut tout de même souligner que le pays revient de loin, le Guyana était classé 153e rang mondial pour son PIB.

Et il faut aussi retenir que le Guyana exporte de plus en plus vers l’Europe, soit 49% de sa production depuis le début de l’année contre seulement 16% pour toute l’année 2021.

Le pétrole de l'Amapa convoité par Petrobras

Des résultats qui poussent la compagnie Petrobras à persévérer dans ses projets au large de l’Amapa et ce, malgré le retrait de TOTAL et BP ses deux dernières années. L’embouchure du fleuve Amazone, un secteur à fort potentiel mais à l’écosystème unique également. Le premier puits de Petrobras dans ce secteur baptisé AMAPA EAUX PROFONDES est prévu à environ 160km au large à 2 800 mètres de profondeur. Sur la période 2023-2027 Petrobras investira dans des projets socio-environnementaux dans la région Amapa/Para dans le cadre de son plan stratégique. 

Le bassin Amazonien héberge près de 80% des mangroves du Brésil. Le ministère public brésilien a demandé il y a quelques jours à l’agence publique pour l’environnement, l’Ibama, de suspendre les autorisations d’exploration accordé à la compagnie dans le bassin amazonien au nom du risque pour l’environnement et de la violation du principe d’information préalable des communautés autochtones de la région. Les communautés impactées par de potentielles nuisances sont notamment les communautés amérindiennes Karipuna, Galibi, Palikur.

Le ministère public brésilien en cas d’incident s'inquiète également des répercussions sur la mangrove dans la région où sont prévus les puits de forage au large de l’Amapa  et que celles-ci provoquent une pollution en Guyane française.

Petrobras annonce un prochain recours dans ce dossier.