Dossiers de la Rédaction
Dans cette série de podcast, nous traitons des sujets d'actualité, de société, allons à la rencontre de personnalité, d'experts qui nous aident à comprendre et décrypter le Peyi Guyane
À réécouter
Selon le recteur de Guyane, Philippe Dulbecco, la crise de la vocation n'est pas seulement guyanaise... ou française. Elle est mondiale ! Les chiffres portent ce message de manière plus crue encore. Au Capes 2024, 633 postes restent vacants en France sur 5122 ouverts.
En Guyane, 75 % des postes au concours ne sont pas pourvus, selon le secrétaire général du SE-UNSA, Emmanuel Octavie.
Les différentes académies trouvent toujours ou presque, des solutions pour que les élèves soient assis face à un enseignant avec un corollaire : des classes parfois surchargées. Simple constat.
Autant dire qu'en Guyane la part des contractuels ne baisse pas. Mieux pour les garder durablement, le rectorat est obligé d'innover en faisant des propositions alléchantes. Pourtant la formation des enseignants est théoriquement, de meilleure facture, puisque depuis la décision de Nicolas Sarkozy, il faut avoir un bac +5 pour enseigner.
Toute médaille ayant son revers, les IUFM n'affichent pas de problème de fréquentation mais du coup comme les débouchés sont plus vastes avec un master 2, certains diplômés se réorientent vers des professions qui payant mieux et sont moins exposées.
La crise des vocations dans l'enseignement est-il devenu au fil du temps un " Tonneau des Danaïdes " ? Référence faite ici à la mythologie grecque avec les cinquante filles du roi Danaos qui apprenant que leurs promis fomentent de les tuer, prennent les devants en les massacrant le jour des noces. Les Danaïdes, sont condamnés aux enfers et doivent remplir sans espoir de réussir, un tonneau percé.
L'Académie de Guyane fait un peu mieux. Elle arrive à boucher certains des trous, par des décisions parfois avant-gardistes ralentissent le processus... sans l'interrompre, en gardant seulement l'espoir d'y arriver.
B. V.
D'habitude les élections du président de la ligue de football de Guyane sont un moment tranquille même quand il y a plusieurs candidats. Cette fois les acteurs en ont décidé autrement. Ils ont introduit de l'ambiance. Comment : deux listes sur trois sont retoquées par l'instance qui vérifie la légalité des candidatures.
La raison a amusé dans toutes les cases, comment des gens qui visent une si haute responsabilité font des erreurs de débutants ? Des membres n'étaient pas à jour de leur licence au moment du dépôt des dites listes. Il y a bien eu des recours. Réponse du conciliateur du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) : la loi est la loi... En gros dura lex sed lex, la loi est dure mais c'est la loi. Un dogme français qui dit bien que la loi doit toujours s'appliquer dans toutes sa rigueur.
Les deux candidats, Antoine Nelson (" Ambitions et renouveau pour le football guyanais ") et Steve Caroupanapoullé (" Un football qui nous ressemble, Guyane terre de football ") trouvent et appliquent un stratagème, permis par la règle, pour empêcher une réélection facile du sortant, Marcel Bafau et sa liste " Résilience pour le football guyanais ".
Le 15 septembre lors de l'assemblée générale élective, coup de maître des opposants, Marcel Bafau est battu (125 voix contre 61 voix pour lui et dix bulletins blancs). Toute la procédure doit être reprise et l'élection se tenir dans les deux mois. Les nouvelles dates clés : le 11 octobre à minuit, date butoir du dépôt des listes, suivi des élections du comité directeur et la désignation de son président, le 10 novembre.
Cette fois, il y aura un président. Qui sera-t-il ? Une nouveau ou on conserve le sortant. Comme le dit Albert Darnal, président de l'Olympique de Cayenne, " Je n'ai pas de boule de cristal "... Lui qui peut être un faiseur de roi grâce à ses 17 voix pour plus de 800 licenciés dans son club. Dans le football guyanais chaque club dispose en AG, un nombre de voix proportionnel à sa dimension soit une voix par tranche de 50 licenciés.
L'histoire de ce mouvement de sac et ressac se raconte. Une manière de présenter les enjeux, le positionnement des hommes et ainsi savoir ce que va être, en fonction du vainqueur, les lendemains du football guyanais.
Un magazine signé Bertrand Villeneuve.
En Guyane il y a de la place puisque c’est une toute partie des 84.000 kilomètres carrés qui sont occupés… ça ne met pas plus de foncier à la disposition de la construction de logements.
Pensée largement diffusée en Guyane et en dehors de ses frontières. Puisque le pays est vaste et le foncier abondant, il faut juste que l‘Etat rétrocède tout ou partie de son foncier aux collectivités pour régler le problème du logement en tirant les prix à la baisse.
Pas si simple parce que le foncier attendu par les constructeurs est très précis. D’abord il faut qu’il soit aménagé et être dans la proximité des centres urbains. Avoir des hectares dans les fins fonds du pays, n’intéresse pas les promoteurs. Ils expliquent que leurs clients veulent vivre pas très loin de leur lieu de travail et dans le même temps bénéficier de toutes les commodités offertes par les grandes villes : cinéma, espaces culturels, espaces sportifs, centres commerciaux etc.
Du terrain aménagé et des programmes immobiliers c’est tout le sens de l’OIN, opération d’intérêt national, activé par l’Etat. L’idée est de réaliser 20.000 logements en 15 ans. 24 secteurs sont concernés à Cayenne, Roura, Matoury, Saint-Laurent, Mana ou encore Macouria.
Installer des logements dans les différentes donc de nouveaux habitants, ça ne suffit pas. C’est un peu le discours de la mairie de Rémire-Montjoly qui veut une réflexion plus large. L’OIN doit faire partie d’un plan d’urbanisation qui tienne compte de la nécessité de nouvelles écoles, de nouvelles voies et aussi de la fiscalité.
C’est tout cela que vous retrouvez dans ce podcast qui entend répondre à une question : « Dans les 10, 20, 30 prochaines années, un couple ou une personne de la classe moyenne pourront-ils s’offrir leur villa ou leur appartement ? »
Un podcast de Bertrand Villeneuve, réalisation Christophe Fidole.
« 36,9 % de la population guyanaise aura au moins un trouble psychique ou psychiatrique »
Une donnée importante qui pousse les pouvoirs publics à agir. En 2022 un projet territorial de santé mentale a été validé par l’ARS, l’agence régionale de santé.
Ce podcast est le fruit de la semaine d’information sur la santé mentale organisée du 9 au 22 octobre 2023. Un événement qui a permis aux plus vieux, de sortir des sempiternels clichés de plusieurs dizaines d’années.
Beaucoup en sont restés à ces images traumatisantes d’hôpitaux psychiatriques, des lieux spécialistes de la vie entre parenthèses. Cette compilation de personnes dites « folles » n’invitait pas à s’intéresser au sort des malades.
Depuis le temps s’est écoulé et les méthodes ont changé. La première chose à retenir c’est que la maladie mentale n’est plus un repoussoir. Notamment parce que les personnes atteintes ne sont plus extirpées de la société. Elles sont soignées, et pour certaines d’entre elles, sans perdre le contact avec la vie et le monde de tous les jours. On les voit ! Ils demeurent visibles.
Une semaine de la santé mentale qui a donc permis de démystifier bien des choses entendues à commencer par le rétablissement du concept lui-même qui on le sait maintenant recouvre une série d’atteintes sociales…
Ecoutez ce podcast de Bertrand Villeneuve… « Pas fous, juste en déséquilibre social ».
La performance sportive est grande, puisque malgré des doutes et des peurs, la sélection de football de Guyane s’est qualifiée pour jouer dans la cour des grands de la Concacaf. Maintenant il faut que les décideurs se mettent au niveau de l’investissement des joueurs
3080 adultes, 2500 enfants, deux chiffres qui ne disent pas tout du handicap en Guyane. Il s’agit là des personnes qui sont dans les circuits parce qu’elles sont prises en charge par la puissance publique via notamment l’AAH (allocation adulte handicapé). Pour la prise en compte des enfants, il existe l’AEEH ou allocation pour l’éducation d’enfant en situation de handicap.
Plus de 3000 adultes, plus de 2500 enfants qui reçoivent une aide. Les autres, les professionnels font en sorte de porter l’information où qu’ils soient dans le pays Guyane.
Deux chiffres qui ne disent surtout pas qu’ils nous entretiennent de vrais gens… de l’humain donc !
Plusieurs structures, associatives et administratives s’occupent à faire en sorte de compenser les effets du handicap. Par le versement d’allocation (c’est la loi) mais aussi par un accompagnement qui se cale sur les besoins de la personne concernée. C’est ainsi que l’ESAT Ebène (Etablissement de service d’aide par le travail) accueille des « usagers » qui ont un statut pas si éloigné du droit commun parce que ce sont des travailleurs dont les aspirations sont prises en compte. La directrice de l’Etablissement, Naomie Juillard, parle « d’autodétermination » et visiblement ce n’est pas une vue de l’esprit.
Autres chiffres, le budget consacré par la CTG (collectivité territoriale de Guyane) à la gestion et compensation du handicap, c’est 11 millions d’euros en 2023 et 15 millions en 2024 avec des tarifs qui passent de 23 euros de l’heure en 2023 à 23,50 euros en 2024.
Attention, malgré ces données nécessaires, le terme handicap recouvre une multitude d’histoires humaines. Encore une fois le mot ne dit rien du désir de vivre des personnes en situation de handicap. De leur désir d’être respectées dans l’entourage immédiat mais aussi dans la société… dans l’entreprise ou certains préfèrent ne pas se faire connaître de peur d’être dévalorisés. Et le drame il est peut-être là, un désir de disparaître symboliquement pour ne pas affronter les regards… nos regards dénués trop souvent de bienveillance.
Rendre visibles les guyanais victimes d’un handicap, congénital ou circonstanciel, après un accident de la vie par exemple, c’est tout l’objet de ce nouveau podcast.
Tous ceux qui voyagent régulièrement vers l’Europe l’ont vécu.
Il faut arriver à l’aéroport Félix-Eboué, bien trois voire quatre heures avant l’heure de départ. Et pour cause, impossible d’entrer directement dans l’aérogare et se diriger vers les comptoirs d’enregistrement… comme cela se faisait dans un temps qui parait bien plus lointain que réellement.
Depuis le 31 octobre 2022, la préfecture a institué un système dit « 100 % contrôle ». L’objectif poursuivi est de dégoûter les mules et autres porteurs de cargaison de cocaïne, de tenter de prendre l’avion vers Paris.
Selon les informations des services de l’Etat, sur chaque vol, ils seraient au minimum cinquante à tenter de s’installer dans un des avions moyennant une certaine somme d’argent. 50, un chiffre à multiplier par deux puisque les trafiquants n’ont pas de compagnie préférentielle entre Air France et Air Caraïbe. L’important est d’arriver à Orly avec « la marchandise ».
Résultat une file s’étire longuement tous les jours, devant l’aérogare de départ, pour un premier filtre. Lors de ce premier point de contrôle, les policiers tentent de reconnaître, à partir d’un certain nombre de signaux, d’abord visuels comme l’excitation, la couleur des yeux, la transpiration (liste non exhaustive), les profils potentiellement transporteurs de drogue.
Et cela fonctionne selon la préfecture qui met en avant ses succès. Par exemple 560 personnes ont été interpellées depuis un an et 800 kg du produit récupérés.
Des chiffres positifs qui pour autant ne modulent pas la position du député Davy Rimane sur cette liberté fondamentale qu’est le droit de se mouvoir librement en tous les points du territoire français.
Maitre Patrick Lingibé, ancien bâtonnier, dispose lui, des arguments juridiques pour carrément attaquer, non pas le « 100 % contrôle » mais la contrainte sur des libertés fondamentales, imposée par l’arrêté préfectoral.
Suivez le podcast de Bertrand Villeneuve qui permet d’avoir une large vision du procédé en vigueur à l’aéroport Félix-Eboué.
L’ASE (l’Aide sociale à l’enfance) en Guyane fait régulièrement parler d’elle depuis trente ans mais à chaque fois pour révéler ou mettre en avant des problèmes.
Début janvier dernier, retour dans l’actualité et comme souvent, provoqué par un syndicat. En 2018 c’était l’UTG CTG et cette année FO CTG met le pied dans le plat en demandant au préfet de solliciter une enquête de l’IGAS (inspection des affaires sociales) sur le fonctionnement de l’institution.
L’ASE est un outil central de la protection de l’enfance à l’intérieur du Pôle prévention solidarité santé (PPSS) qui recouvre plusieurs services. L’aide sociale à l’enfance est donc un de ses services à la Direction de l’enfance et de la famille (DAF)…
Notre enquête s’est concentrée uniquement sur cette entité qui a une tâche aussi noble que complexe. Elle doit préserver et permettre l’épanouissement de jeunes de 0 à 18 ans et de 18 à 21 ans : des enfants et jeunes en danger ou en risques de danger. Ils sont confiés à l’ASE par l’autorité judiciaire parce que, en grand danger, signalés par une assistante sociale ou la famille elle-même.
Dans le document qui vous est proposé, de nombreux acteurs nous aident à comprendre pourquoi ça ne marche pas et comment accueillir durablement et dans des conditions correctes, des enfants en difficulté.
Une enquête de Bertrand Villeneuve