C’est la fin de l’après-midi à Camopi, le moment de transpirer. Le coach, c’est Nico : Nicolas Chaumier. En guise de salle, un lieu insolite : la piste d'un aérodrome, les vols étant finis pour la journée. "J'ai un très bon spot ici pour pouvoir pratiquer l'activité, donc on peut courir puis il y a le coucher de soleil. C'est magnifique", dit-il.
Depuis son retour à Camopi il y a trois ans, Nicolas donne des cours gratuitement. Mettre ses compétences au service de sa communauté était pour lui une évidence
Je dois à la jeunesse de Camopi de pouvoir lui offrir des activités de remise en forme à titre non-lucratif. C'est une continuité, le fait que j'ai passé mon diplôme de coach sportif, c'était dans ce cadre-là : aider ma communauté.
Nicolas Chaumier
Le paddle, introduction d'un deuxième moyen de locomotion
Dans cette petite commune du sud est de la Guyane, la pirogue est le seul moyen de locomotion. Pour contribuer à son développement économique et valoriser ces fleuves, Nicolas Chaumier est parfois guide touristique.
Il propose également une activité paddle. "Ça nous permet de faire intrusion dans les criques tout en silence et pour pouvoir observer la faune. C'est très écologique, on nourrit aussi sa quiétude", estime-t-il.
Ce jour-là, un groupe de sept touristes se présente. Nicolas les emmène sur l’un de ses sites préférés : Cubalawa. Le lieu est idéal pour une descente en paddle avec quelques sensations.
Dans la pirogue accompagnatrice, Brian observe. Lui aussi est guide touristique. Nicolas l’a formé au paddle, il est la relève.
Je prends surtout beaucoup de plaisir et il y a de l'inédit, car on ne trouve pas ça partout. Sur Camopi, disons que c'est du luxe. C'est juste du bonheur.
Brian Monpera, guide touristique à Camopi
Un sportif aux multiples casquettes
Cependant, l’activité principale de Nicolas Chaumier, c’est le commerce. Il a passé quelques années dans la marine, puis a été sapeur-pompier à Strasbourg. Après une vingtaine d’années dans l’hexagone, il a accepté de venir soutenir sa nièce gérante de libre-service. "Je suis dans la continuité avec elle pour pouvoir perpétuer l'héritage de son défunt conjoint", explique le sportif.
Nicolas est chargé de l’approvisionnement en période de vacances : moins de demande, donc moins d’activité. Le reste de l’année, il se rend trois à quatre fois par mois à Cayenne.
J'ai aussi des demandes par rapport aux médecins et aux professeurs qui viennent à Camopi. Il faut être attentif à leurs demandes.
Une vie plutôt active, même s'il trouve des moments à lui.
À 20 minutes de pirogue du bourg, Nicolas se ressource. 10 minutes de marche jusqu’à son petit paradis : la cascade diamant. "C'est un endroit interdit à monsieur et madame tout-le-monde quand on n'est pas de Camopi", confie-t-il.
"Je n'oublie pas que je suis bushinengue [...] Je suis fier de porter les deux sur mes épaules"
Ici, une reconnexion avec les éléments : le lieu lui rappelle pourquoi il est revenu en Guyane... lui amérindien, mais pas seulement…
On dit toujours que les patrimoines linguistiques sont donnés par les mamans... Donc par ce biais, je parle beaucoup plus du côté teko. Mais je n'oublie pas que je suis bushinengue, à savoir saramaka. Je le revendique tout autant. Je suis fier de porter les deux sur mes épaules.
À 48 ans, Nicolas chaumier compte bien continuer à participer au développement de sa commune. Son rêve : ouvrir une vraie salle de sport pour les 2150 Camopiens.