Harcèlement moral : le Crédit Agricole triplement condamné

Entrée principale du siège du Crédit Agricole, à Petit-Pérou (Les Abymes).
Trois ex-salariés du Crédit Agricole ont obtenu gain de cause auprès du Tribunal de Prud’Hommes de Pointe-à-Pitre, en ce mois de mai. La dite "Banque Verte" a été condamnée pour harcèlement moral, notamment.

Le Crédit Agricole a été condamné par trois fois, en ce mois de mai, par le Conseil de Prud’hommes de Pointe-à-Pitre. Reconnue coupable de harcèlement moral à l’encontre de trois salariés, la "Banque Verte" doit leur verser des dommages et intérêts substantiels.

Le premier plaignant était directeur d’agence, avec 32 ans d’ancienneté. Il a été licencié pour inaptitude, en 2022.
La sentence de l’entreprise a été la même, un licenciement pour inaptitude en 2022, à l’encontre d’une autre salariée, elle aussi directrice d’agence, avec 34 ans d’ancienneté pour sa part.
Ces deux cadres ont été victimes de la réorganisation du réseau, mené en 2019, par le Crédit Agricole. Une réorganisation menée sans transparence, ni respect des engagements précédemment pris comme, par exemple, la proposition de trois postes au choix. De fait, écrit le Conseil de Prud’hommes, ce processus mené de façon confuse et contradictoire a dégradé les conditions de travail, de santé et les chances de promotions professionnelles de ces deux cadres.
Ces éléments justifient une condamnation pour harcèlement moral, assortie de dommage et intérêts de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Le témoignage de la directrice d'agence licenciée, qui a obtenu gain de cause auprès du Tribunal de Prud'Hommes est édifiant :

Vient le 3ème cas : un technicien "fonctionnement et sécurité" qui cumule 31 ans d’ancienneté. Lui aussi a été licencié pour inaptitude professionnelle, en 2023.
Neuf ans plus tôt, il avait été victime d’un accident de trajet ; ce, en raison d’un épuisement professionnel dû à une surcharge de travail. L’homme avait accumulé, en 4 ans, plus de 2000 heures supplémentaires, soit plus de cinq fois le quota annuel défini par la convention collective de la banque.
De tels faits constituent, là aussi, aux yeux du Conseil de Prud’hommes, une situation de harcèlement moral, à laquelle s’ajoute un manquement aux obligations de sécurité et de prévention en matière de harcèlement moral. Dans ce cas, le montant des dommages et intérêts dépasse les 100.000 euros.

Contactée ce vendredi matin (17 mai 2024), la direction du Crédit Agricole de Guadeloupe n’a, pour l’heure, pas donné suite à notre demande d’entretien.

Crédit Agricole