"J'ai vécu le rapt du patient par deux hommes encagoulés" témoigne un agent du personnel soignant du CHUM

Hôpital Pierre Zobda Quitman à Fort-de-France.

Le personnel du CHU de Martinique est sous le choc après le kidnapping d'hier (samedi 17 avril 2021) d'un patient admis pour blessures par balles. Un agent hospitalier témoigne de ce qu'il a vu et vécu pendant ces quelques minutes qui auraient pu tourner au drame.

Cet agent hospitalier était de garde ce samedi 17 avril 2021 après 21 h 30. 

Il accepte de témoigner en conservant son anonymat pour des raisons évidentes de sécurité.  

Comme tous les soirs, il termine la transmission des informations avec la garde hospitalière précédente ... puis ...

J'ai entendu un cri et un bruit assourdissant comme un pied à perfusion qui tombait lourdement sur le sol. J'ai accouru vers la chambre et je me suis trouvé face à deux hommes, de grande taille, vêtus de noir et le visage caché par une cagoule noire avec des dessins blancs sous les yeux.

Un agent hospitalier du service de chirurgie viscérale du CHUM


De grande taille, "baraqués" précise le témoin : 

J'ai appelé la sécurité. Tout est allé très vite et lorsque nous sommes revenus, le patient avait disparu. Sur le sol, dans la chambre, du sang ... il a été traîné et sorti par le balcon. Puis mon métier a pris le dessus, j'ai voulu rassurer les trois autres patients de la chambre qui étaient terrorisés. J'étais à 1 000 lieux de penser à ça ...

Un agent hospitalier du service de chirurgie viscérale du CHUM.

 

"Il ne voulait pas partir avec eux"

 

Selon les autres patients de la chambre, les hommes encagoulés lui auraient dit en créole "viens avec nous, on va te sortir de là" et il leur aurait répondu qu'il ne voulait pas être emmené ...

Hospitalisé depuis le dimanche 11 avril 2021 après avoir reçu trois balles, une dans la cuisse, une dans l'abdomen et une autre dans la vessie, le patient a été transféré le 16 avril 2021 au service de chirurgie viscérale de l'hôpital Pierre Zobda Quitman situé au rez-de-chaussée.

Il avait une fracture de la hanche suite au tir de l'arme à feu et souffrait de douleurs intenses.

il était d'ailleurs placé sous morphine raconte une de ses proches. 

Sa mère, sa femme et son fils lui avaient rendu visite récemment. 

"Mon métier a pris le dessus" 

 

L'agent continue son récit. 

Je n'ai pensé qu'à rassurer les patients qui restaient dans la chambre en état de choc, en détresse physique et psychologique. Il fallait les aider à retrouver le sommeil. Je n'ai pas pensé à moi. C'est un collègue qui m'a fait prendre conscience que j'avais pris des risques en revenant une deuxième fois dans la chambre. Mais les ravisseurs ne m'ont pas menacé.

 

Le patient aurait ensuite été jeté dans le coffre d'une voiture "twingo" de couleur jaune.

La sécurité civile est ensuite intervenue suivie de la police judiciaire. 

Le patient est un Saint-Lucien âgé de 38 ans et résidant en Martinique depuis un an. 

Pour le moment, ni ses ravisseurs, ni lui n'ont été retrouvés.