La mairie de Saint-Pierre déploie les grands moyens pour s'attaquer aux fuites d'eau du réseau

Les interventions sur le réseau d'eau demandent des moyens importants
Face à la forte consommation de la ressource en eau, la mairie de Saint-Pierre a décidé de former ses équipes à la détection de fuites et d'écoulements anormaux sur le réseau. Un formateur est venu de métropole durant deux semaines

L'eau n'a jamais manqué à Saint-Pierre. Avec ses nombreux étangs et sa météo, la ressource paraît abondante et à l'infini. Pourtant, la mairie de Saint-Pierre s'inquiète de la consommation excessive constatée dans la ville.

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En effet, les habitants de la ville consomment beaucoup d'eau. La faute à des habitudes prises dans le passé, notamment les écoulements hivernaux pour éviter le gel, auxquelles s'ajoute un réseau ancien et difficile à entretenir.

C'est pourquoi la mairie appuie également son action sur la pédagogie, encourageant les habitants à limiter leur consommation. D'autant que cette année, seul l'étang du Goéland alimentera la ville en eau, du fait des travaux sur le barrage de la Vigie.

Aux grands maux, les grands remèdes

Alors, la municipalité a décidé de prendre le problème à bras le corps. Du 14 au 28 avril, elle a accueilli sur l'île Nicolas Martinet. C'est un technicien spécialisé dans la détection de fuites et d'écoulements dans les réseaux d'eau urbains.

Une réseau c'est comme une voiture. Au bout d'un moment, quand elle a 400.000 kilomètres, c'est plus la peine de la réparer, il faut la changer. Donc là, peut-être il faudra envisager de renouveler la conduite et de ne plus faire de la détection de fuites.

Nicolas Martinet

Technicien en recherche de fuites

Nicolas Martinet travaille depuis 17 ans pour une filiale de Veolia sur l'agglomération de Marseille. Il est venu avec deux capteurs, des loggers, qui sont placés à différents endroits du réseau. Ces capteurs enregistrent les bruits dans les conduites au moment où la consommation d'eau est la plus faible à Saint-Pierre : entre 2h et 4h du matin. De cette façon, les écoutes ne sont pas parasitées par les bruits dus à la consommation normale des habitants en journée.

Ensuite, équipé d'une sorte de stétoscope taille XL qui permet d'écouter le débit dans les tuyaux, il repère où l'enregistrement a été le plus fort, afin de repérer une fuite. Selon ses estimations, il faut ensuite ouvrir le sol pour accéder à la conduite et repérer où se trouve la fuite, pour la réparer. 

Un travail en plusieurs étapes, qui demandent des moyens lourds pour la collectivité, mais le jeu en vaut la chandelle.

©saintpierreetmiquelon

Poursuivre et accélérer les économies d'eau

Quatre techniciens saint-pierrais ont suivi la formation avec Nicolas Martinet. Désormais, la mairie souhaite que les problèmes d'écoulements dans le réseau soient traités au plus tôt.

La ville poursuit sur sa lancée. En 2000, année d'ouverture de la station de traitement des eaux de Saint-Pierre, près de 1 500 000 m³ par an étaient utilisés pour alimenter la ville. Depuis, "grâce aux travaux de détection de fuites entre 2010 et 2021, la consommation a été stabilisée à environ 800 000 m³ par an" explique Thierry Hamel, chargé de communication à la mairie. 

En 2022, la consommation a même été encore plus abaissée pour atteindre 672 000 m³. Mais "la ville de Saint-Pierre souhaite faire encore mieux. Fin mars 2023 nous avions prélevé 5.3% de moins qu'en 2022 à la même époque" se réjouit la mairie. 

Selon la municipalité, la vigilance sur l'utilisation de l'eau sera renforcée pendant toute la durée des travaux du barrage de la Vigie qui limite grandement la ressource, avec une donnée que personne ne maîtrise : la pluviométrie. En mars, les précipitations ont d’ailleurs été limitées (30 mm, alors que la moyenne mensuelle est de l’ordre de 100 mm).