Le 11 octobre 2024 lors d’une énième opération de brûlage, Thierry Hamel, chargé de communication à la mairie de Saint-Pierre, déplorait que 70% des déchets entrant à la décharge étaient d’ordre professionnel et n’étaient pas du ressort de la municipalité. Un mois plus tard, ce taux pourrait diminuer sensiblement avec l’entrée en fonction d’une filière de traitement des déchets du bâtiment à destination des professionnels.
Après plus d’un an de travail, la filière REP PMCB, pour produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment, est enfin opérationnelle depuis début novembre. À sa tête : l’éco-organisme Valdelia, basé dans l’hexagone. À la suite d’un appel d’offres, elle a sélectionné un prestataire, l’entreprise Guibert Frères, pour assurer la collecte des déchets avant revalorisation.
Revalorisation des métaux, plastiques, bois...
“L’ensemble des professionnels de l’archipel va pouvoir déposer chez notre prestataire [...] l’ensemble des produits de la rénovation mais aussi de la construction” se réjouit Arnaud Humbert-Droz président exécutif de Valdelia. Parmi les déchets pris en charge : les matériaux dits inertes tels que le béton, les briques et la céramique. Les autres matériaux de type bois, plâtre, métaux, plastiques, menuiseries vitrées, laines de verre et de roche sont également collectés. Par ailleurs, les déchets électriques et électroniques sont pris en charge tout comme les ampoules, néons, colles et peintures.
Ce service est gratuit pour les professionnels du bâtiment. Toutefois, certains dépôts de déchets spécifiques peuvent leur être facturés. Cela concerne quelques catégories de produits multimatériaux comme les matériaux recouverts de peinture au plomb, certains panneaux et mousses ou encore le bois alvéolaire. Les entreprises et artisans devront trier au préalable les matériaux avant de les déposer séparément.
On peut considérer que 90% des déchets issus de la construction vont être pris en charge par le dispositif.
Arnaud Humbert-Droz, président exécutif de Valdelia
Collectés et triés, les produits seront expédiés dans l’hexagone où d'autres prestataires seront chargés de la revalorisation. À l'avenir, des matériaux pourront aussi être envoyés au Canada en fonction des accords conclus prochainement. Les plaques de gypse par exemple vont être retraitées en vue d’un nouvel usage... comme plaques de gypse. Autre exemple, les chutes de bois venant des charpentes vont être broyées pour en faire des panneaux particules qui pourront servir à la confectionner de meubles.
Des infrastructures de revalorisation bientôt dans l'archipel ?
Selon Roger Helène, président de la FEA BTP à Saint-Pierre et Miquelon, entre 400 à 500 tonnes de déchets sont produites par le secteur du bâtiment local chaque année. Si ces quantités peuvent paraître importantes, les volumes de matériaux sont toutefois trop faibles pour envisager la création d'infrastructures de revalorisation directement sur le territoire d’après Valdélia, bien que la piste reste en réflexion.
La nouvelle filière REP PMCB est financée par l'éco-contribution, une redevance nationale prélevée sur chaque achat de matériaux de construction. Selon l'éco-organisme Valdélia, le coût annuel du dispositif à Saint-Pierre et Miquelon est inconnu pour le moment. Il dépendra de la quantité de déchets apportée par les professionnels.
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