Ses mâts qui s’érigent à plus de 50 mètres de haut ne passent pas inaperçus dans le Port-Ouest. L'Artémis est un voilier cargo. Il est le second exemplaire d’une série de quatre navires décarbonés construits pour la société TOWT. C’est depuis le chantier naval Piriou au Vietnam que le voilier a fait sa première sortie en mer dans l’océan Indien.
Le conflit au Moyen-Orient modifie sa route
Le voilier cargo devait rejoindre le Havre, son port d’attache, via le Canal de Suez. Le conflit qui oppose Israël aux pays Arabes dans la zone en a décidé autrement. Pour la plus grande joie du commandant, Olivier André, choix a été fait de faire une escale technique à La Réunion pour changer d’équipage. Après 20 jours de mer au lieu de 25 programmés au départ, l’Artémis accoste à La Réunion le lundi 30 septembre. Le voilier a, durant son parcours, réalisé des moyennes journalières comprises entre 240 et 260 miles nautiques (entre 440 et 480 km en 24 heures) à des vitesses parfois supérieures à 11 nœuds (20km/h).
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
2000 mètres carrés de voiles
Ce jeudi 2 octobre, c’est l’occasion pour les nouveaux venus de déployer la plus grande des voiles du bateau, la J0. Ses 600 mètres carrés de toile sont atout majeur pour propulser le navire au portant, lorsque le vent vient de l’arrière. Avec des deux mâts qui le rapproche d’une goélette, l’Artémis a une surface totale de 2000 mètres carrés de voile.
Des cordages spéciaux
Lorsque le vent s’y engouffre, ce sont des dizaines tonnes de pression qui s’exercent sur les différentes structures, du pied de mât en passant par la bôme. Les écoutes, les cordages nécessaires à tendre la voile, sont faites en kevlar et en Dyneema pour supporter les charges énormes. Elles ont un diamètre de 26 mm, contre seulement une dizaine de milliètres pour des voiliers classiques.
Des marins majoritairement issus de la voile
Les huit membres de l’équipage, dont trois jeunes femmes, sont aidés dans leurs manœuvres par des systèmes hydrauliques, des capteurs de forces et de tensions, mais aussi des caméras, situés sur les endroits stratégiques du voilier.
Tout se pilote grâce à l’électronique et l’informatique embarqués soit à partir de la passerelle, soit à l’aide d’une télécommande directement depuis le pont.
1100 tonnes de fret dans les cales
Dans les entrailles du voilier, il n’y a pas de container mais des palettes. Il peut en accueillir 1100 au maximum dans ses six cales, pour une masse totale de 1100 tonnes. Les palettes sont chargées dans les différentes cales grâce aux deux grues que disposent le navire. Les chargements sont placés sur une sorte de plateforme métallique puis hissés à bord. Des chariots élévateurs répartissent ensuite les charges pour équilibrer le voilier. En moins de 35 heures, le navire est prêt à repartir.
Un voilier passe partout
Outre sa propulsion grâce au vent, le voilier peut aller dans de nombreux ports où d’autres cargos ne peuvent y aller. Grâce à un faible tirant d’eau, il peut remonter les estuaires et les fleuves, voire certaines rivières. C'est un navire qui pourrait être adapté dans une région comme la nôtre, pour desservir les différentes îles du sud-ouest de l’Océan Indien, comme Rodrigues, l’île Sainte-Marie...
Un transport décarboné
En attendant, l’Artemis va rejoindre son port d’attache, le Havre, en fin de semaine. Il passera par le Brésil où une cargaison de 700 tonnes de café bio et équitable l’attend. Car la volonté de la société TOWT, l’exploitant de ces voiliers cargo, est de transporter du fret de manière raisonnée. Ses trajets seront sur une route transatlantique, vers les Antilles, les États-Unis et le Brésil.
Pour ceux qui veulent voyager autrement, douze couchettes sont disponibles lors des traversées.