Ce n'était pas la seule manifestation de ce jeudi 5 décembre. À l'instar des fonctionnaires, les agriculteurs réunionnais sont descendus aujourd'hui dans la rue, à l'appel des syndicats FDSEA, UPNA et Jeunes agriculteurs.
Ils étaient environ 90 ce matin dès 9h sous les fenêtres des locaux de la direction de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt, afin de protester contre "l'accumulation des normes", et la hausse des cotisations sociales prévues par feu le gouvernement Barnier.
"Nout fin sera zot fin"
"Nout fin sera zot fin", tel était le slogan inscrit sur les t-shirts de plusieurs manifestants, qui ont jeté des dizaines d'œufs sur la façade et répandu du lisier à l'entrée du bâtiment.
"On ne sait plus quoi faire"
Julie Fontaine, éleveuse de volaille chez Avipole, dénonce des mesures nationales "hors-sol", notamment sur les nouvelles normes d'épandage imposées."On a l'impression qu'ils sont dans des bureaux là-bas et qu'ils prennent des décisions qui ne sont pas du tout adaptées au territoire. Par exemple, on n’a pas le droit d'épandre sur des pentes de plus de 7 % et là, on est sur une île volcanique, on n'a que des pentes à 7 % à La Réunion. On ne sait plus quoi faire", fustige l'agricultrice.
Cotisations maladie "c'est énorme"
Autre mesure décriée qui apparaissait dans le projet de loi de financement a sécurité sociale, désormais incertain, la hausse des cotisations maladie. Stéphane Sarnon, président de la FDSEA, donne quelques exemples : "Aujourd'hui, quelqu'un en microbénéfice agricole, il va payer environ 1 000 euros. Là, avec ce nouveau régime ce serait 2500 euros. Quelqu'un qui a une comptabilité réelle payerait 14 000 euros, donc c'est énorme."
Une délégation reçue
Maraîchage, canne, élevage, tous les secteurs sont touchés, y compris l'horticulture péi, victime de la concurrence. : "Toutes fleurs confondues, on importe à peu près 10 millions de tiges par an du Kenya" explique Danilo Taïlamé président du groupement des producteurs de fleurs coupées de La Réunion. "Donc à un moment donné, soit on arrête, ou bien les agriculteurs sont obligés d'importer pour pouvoir vendre et survivre."
Une délégation a été reçue dans la matinée par la direction de la DAAF. Elle aurait obtenu la suspension de l'arrêté préfectoral concernant les épandages.