Abolition de l’esclavage : une journée de commémoration passée inaperçue

Une dizaine de personnes s'est rassemblée devant le Panthéon pour dénoncer la politique des Outre-mer du gouvernement. Elles ont été rejointes par George Pau-Langevin.
Le 10 mai, c’est la commémoration de l’abolition de la traite négrière et de l’esclavage en France. Une date qui ne parvient pas à passer à la postérité.
 
Pour la 14e fois, la France a commémoré la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. La France continentale, mais celle d’Outre-mer aussi. Un moment particulier dans l’histoire de notre pays qui a pourtant du mal à devenir dans les habitudes.

Et cela, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, par l’embarras que son instauration provoque aujourd’hui encore. Cette journée a été instaurée par le président Jacques Chirac sur une proposition de Maryse Condé, la présidente, en 2006, du Comité pour la mémoire de l’esclavage. Elle se réfère à l’adoption, le 10 mai 2001 par l’Assemblée nationale, de la loi désignant comme crimes contre l’humanité la traite négrière et l’esclavage.

Le texte porté par l’ex-députée de Guyane Christian Taubira, a été voté à l’unanimité des députés, tous bords politiques confondus. L’Etat français prenait acte, le premier au monde, de l’ignominie infligée à plusieurs dizaines de millions de captifs africains et à leurs descendants. Il n’a guère été suivi par ses homologues à ce jour.

Or, certains enseignants, par conviction personnelle, ne respectent pas la recommandation d’intégrer la connaissance du domaine colonial dans les cours d’histoire ou de géographie. Ils ne veulent pas être contraints par une loi mémorielle.
 

Le peuple français est ignorant de l’histoire coloniale


L’autre raison pouvant expliquer les réticences des uns et des autres tient en la dénomination complexe de cette journée. Elle mêle aussi bien l’interdiction de la traite que l’abolition de l’esclavage. Les deux phénomènes sont liés, bien sûr. Mais vu la connaissance aléatoire des Français quant à l’histoire coloniale, cette journée a du mal à fédérer. Le peuple français ignore l’importance du commerce colonial dans la modernisation de l’économie et de la société. Et pour cause, ce pan de l’histoire n’est pas ou peu enseigné à l’école.

La politologue martiniquaise Sylviane Larcher estime que cette date du 10 mai lui inspire "une grande perplexité". Elle lui semble "révélatrice du rapport confus que la France entretient avec son passé esclavagiste". La solution réside certainement dans l’apprentissage de ce qui a construit la France au fil du temps. Et notamment, son domaine colonial, grâce auquel elle s’est enrichi et a pu rester longtemps une puissance de rang mondial.