Algues sargasses : au François, les riverains de Petite-France, Dostaly et Frégate "n'en peuvent plus"

Dans la Baie du Simon au François, une embarcation piégée au milieu d'un banc de sargasses.
L’association du quartier Petite-France a décidé de suspendre ses activités culturelles, afin de lutter avec les riverains contre les effets nocifs des algues sargasses en décomposition, lesquelles s'accumulent. Les habitants de Dostaly et de Frégate sont également concernés.

Au François, la Baie du Simon est une cuvette où s’accumulent des bancs de sargasses. Ces algues stagnantes se décomposent au fil du temps et émettent des gaz toxiques, comme le sulfure d’hydrogène et l’ammoniac.

Depuis plusieurs années, l’odeur épouvantable gâche la vie des habitants des quartiers Petite-France, Dostaly et Frégate résidant autour de la Baie. Conséquences : des maux de tête, des vertiges, ou encore de l’asthme chez des enfants... "On n’a jamais connu autant de maladies" s'insurge une riveraine.

Les algues sargasses gagnent du terrain dans la Baie du Simon au François.

Ces derniers jours, l’école de Dostaly a dû fermer ses portes, "l’odeur étant insupportable" pour les élèves et les enseignants.

Mobilisation des foyers associatifs

L'Association du quartier Petite-France regroupe une trentaine de foyers culturels. Créés pour organiser à l'origine des moments festifs, ces foyers ont décidé de suspendre leurs activités habituelles, pour se battre aujourd’hui contre les effets des sargasses indésirables, aux côtés des riverains concernés.

"Les assurances refusent de prendre en charge les dégâts" 

D'après leurs témoignages, les gaz seraient également responsables de l’érosion des toitures des maisons, de la robinetterie et des appareils électro-ménagers.

On nous informe que les sargasses n’ont pas de statut juridique comme un cyclone ou un tremblement de terre, ce qui fait que les assurances refusent de prendre en charge les dégâts occasionnés par les gaz provenant de la décomposition des sargasses.

Sylvie Becrit, présidente de l’Association du quartier Petite-France

Les maisons sont donc invendables dans ce secteur. Le dernier ramassage des sargasses dans la baie remonterait à 6 mois. Il s’agissait d’un "nettoyage partiel" selon les habitants.

Il y a urgence à mettre des filets en place, comme à Cap Est !

Sylvie Becrit

Des consultations médicales au Robert 

Pour les personnes souffrant de symptômes liés à une exposition au gaz, la mairie du Robert, elle même concernée par l'envahissement des algues, propose des consultations médicales décentralisées, en collaboration avec le Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM).  

La ville voisine de Trinité est elle aussi confrontée au phénomène. 

Algues sargasses dans la baie du bourg de Trinité (février 2023).

Le pire est à venir...

Selon les prévisions sargasses de Météo France Martinique, il y a "un renforcement des échouements des sargasses sur la côte Atlantique de l’île".

Les nombreux radeaux présents à l'est de notre île arrivent directement sur nous. De nombreux arrivages sont à prévoir dans les jours qui viennent. Ils sont plus conséquents en termes de quantité et en fréquence.

Météo France Martinique

(Prévisions sargasses)

Image satellite des bancs de sargasses qui s'approchent de la côte-est de Martinique.

Les photos des radars confirment que l’est des Antilles est "encore bien garni en radeaux", et les 15 prochains jours ne suffiront pas à tout faire voyager en mer des Caraïbes, ajoute Météo France.