Blocages d’entreprises et appels à la haine en Martinique : les patrons condamnent

Quelques entreprises de la zone d'activités de La Jambette (entre Fort-de-France et Lamentin).
Le Medef et Contact Entreprises condamnent les blocages répétés de plusieurs centres commerciaux depuis quelques semaines par des associations militant contre la chlordécone. Les socio-professionnels dénoncent également des appels à la haine visant la communauté béké.
Deux communiqués distincts pour dire "stop" aux blocages que subissent ponctuellement depuis quelques semaines plusieurs centres commerciaux de Martinique. A l’origine de ces actions, des associations militantes qui dénoncent la commercialisation du pesticide chlordécone durant des années.
Manifestation devant l'enseigne Carrefour Dillon.
Dans son texte, le Medef Martinique "condamne fermement ces agissements qui entretiennent un climat de violences, d’insécurité et de comportements arbitraires qui sont de nature à pénaliser l’ensemble des activités des centres ainsi bloqués, ce qui ne sauraient être tolérés dans un état de droit".

(...) Un petit groupe, sous des prétextes divers, s’arroge le droit de bloquer l’activité économique des centres commerciaux et autres entreprises, faisant ainsi d'eux, les boucs émissaires de certaines causes à défendre.

(Bernard Edouard, président du Mouvement Des Entreprises de France en Martinique).

Bernard Edouard ajoute :

Dans un monde ou l’activité économique est de plus en plus fragile avec les conséquences inévitables sur l’emploi, ces agissements sont de nature à réduire à néant les efforts faits en permanence par les socio-professionnels.


Le mouvement patronal en appelle aux autorités administratives et politiques pour "regagner et maintenir un climat plus serein".
 

Des mobilisations qui fustigent les békés


De son côté, Contact-Entreprises évoque "des attaques qui doivent cesser".

(...) Ces actions sont d’une très grande gravité : elles constituent en effet des violations de libertés fondamentales dont doivent pouvoir bénéficier tous les citoyens sur l’ensemble du territoire de la République.(…)
Ces attaques véhiculent une image de la Martinique extrêmement dévalorisante, réduisant à néant les efforts des acteurs économiques.

Dans son communiqué, Lucie Manuel, la présidente de l'organisation patronale, demande aux élus martiniquais de "prendre leurs responsabilités pour contribuer à arrêter ces dérives dangereuses".
 

Appel à l’apaisement de Yan Monplaisir

Yan Monplaisir, chef d'entreprises et vice-président de l'assemblée de Martinique.
Il y a quelques semaines, le vice-président de l’assemblée de Martinique avait publié lui aussi une déclaration, dans laquelle il appelait à "l’apaisement", au regard de ces mobilisations sporadiques, dont certaines pointent du doigt la communauté béké.

Des appels sur les réseaux sociaux exprimant une hostilité envers la communauté Béké en tant que telle. Des attaques personnelles de plus en plus violentes. Ceci doit cesser. J’appelle à l’apaisement et à une forme de bienveillance mutuelle, ce qui n’empêche pas le combat politique. Si nous voulons vivre ensemble et voir grandir nos enfants et nos petits-enfants, dans une Martinique dynamique, lucide et en paix, nous devons absolument éviter les pièges de la surenchère verbale, de l’invective, de la menace, de l’intimidation.

(Yan Monplaisir)
 

GBH dans le viseur des manifestants


Dans cette communauté béké visée par certains manifestants, le Groupe Bernard Hayot (GBH), est particulièrement cité. Ce groupe international qui opère dans la vente automobile, la grande distribution (dont les hypermarchés Carrefour depuis 1981), et autres activités industrielles et diversifiées, est le premier employeur du secteur privé en Martinique. Présent sur 16 territoires, ce groupe familial fondé en 1960, compte au total, 11 000 collaborateurs.
 

Des vidéos anti békés


Et puis il y a ces clips qui circulent sur les réseaux sociaux et sur YouTube à l’encontre de l’ensemble de la communauté béké, surtout celle établie au quartier Cap-Est au François, un lieu surnommé "békéland" depuis la grande grève de 2009. 

Le grain de sel de Kalash

 
Les associations militantes ont l’intention de renouveler prochainement leurs actions surprises aux portes des hypermarchés de l’île avec leur drapeaux tricolores (rouge, vert, noir), tandis que de nouveaux appels à la mobilisation contre la chlordécone et ses conséquences néfastes, sont en circulation sur les réseaux sociaux.

Ce mercredi 20 novembre 2019, ce sont les sociétés de distribution d’eau potable Odyssi, SME, et SMDS qui sont dans le collimateur des manifestants.