Pendant la rencontre avec les patrons du secteur, le mercredi 13 septembre, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM a confirmé que la Collectivité a augmenté le personnel pour payer les factures manuellement. La rencontre a eu lieu dans une ambiance cordiale, mais les problèmes ne seront pas réglés dans l’immédiat.
Depuis 4 mois, le système informatisé de paiement n’est pas opérationnel. Malgré la bonne volonté, les retards de paiement s’accumulent. Depuis le 16 mai 2023, les factures impayées ne cessent de s’accumuler chez les entrepreneurs du BTP.
Déjà dans les territoires et les départements d’Outre-Mer, les entreprises du BTP attendent 6 mois, parfois un an, pour percevoir les soldes sur les travaux publics effectués.
En France, le délai varie entre 1 et 3 mois maximum.
Des retenues de paiement, une sorte garantie des travaux, devraient être versées un an après l’achèvement d’un chantier. En Martinique, les entrepreneurs peuvent attendre jusqu’à 4 ans.
Dans ce secteur les comptes sans dans le rouge, les charges et les impôts ne sont pas versés et les salariés sont souvent payés en retard.
Des nouveaux chantiers annoncés
Le président du conseil exécutif de la CTM a voulu apporter de l’espoir. Il a demandé aux entrepreneurs de la construction de "se projeter dans l’avenir."
À partir de 2024, la CTM démarre, entre autres, des chantiers de la reconstruction du collège du Morne Rouge, la construction d’un internat au lycée de Saint Pierre, le renforcement parasismique du lycée Frantz Fanon, les couvertures de 11 plateaux sportifs et la réhabilitation du Golf de Trois-Ilets.
Il y a également l’extension des lignes du TCSP et la réalisation du port du Robert.
Ensemble, ces travaux valent plus d’1 milliards 472 millions d’euros.
Ce sont de belles perspectives pour l’avenir mais comment faire dans l’immédiat ?
Eddy Ouly, président, Fédération Française du Bâtiment Martinique
Selon Eddy Ouly, il y a de fortes probabilités que des entreprises soient en liquidation avant de pouvoir bénéficier de ces projets à venir.
Un secteur surveillé
Pour lutter contre le travail clandestin, le secteur du BTP est strictement contrôlé. Les entreprises qui n’arrivent plus à payer les charges et la TVA chaque mois, doivent fournir une attestation de vigilance, délivrée après la mise en place d’un plan de règlement des cotisations.
Sans ce document, une entreprise ne peut pas formuler un appel d’offres pour un projet de construction.
Les plus grandes entreprises peuvent compter sur la Banque publique d’investissement d’avancer des fonds en attendant le règlement des factures par les collectivités.
Les petits entrepreneurs n’ont pas d’accès à cette prestation et il devient de plus en plus difficile pour eux de négocier les dépassements bancaires auprès des institutions financières.
Après la crise de Covid-19, ces entrepreneurs ont encore du mal à redémarrer.
Et depuis le 16 mai 2023, date de la cyberattaque à la CTM, les factures impayées s'accumulent encore plus vite chez les entrepreneurs dans le BTP.