Le Journal Officiel d'Haïti, Le Moniteur, confirme la révocation du Ministre de la santé par intérim d'Haïti, le Docteur Duckenson Lorthé Bléma. Il a été remplacé provisoirement par Patrick Pelissier, ministre par intérim de la justice et de la sécurité publique.
Le Docteur Duckenson Lorthé Bléma a fait preuve d'une grosse négligence quand il a organisé la réouverture de l’Hopital de l’université d’État d’Haïti, (HUEH) fermé depuis plusieurs mois à cause de l'activité des gangs.
Les témoins oculaires commencent à s'exprimer sur ce qui s’est passé le 24 décembre 2024.
Le photojournaliste Jean Feguens Regala n’oubliera jamais les scènes de ses collègues journalistes blessés par balles à la poitrine ou au visage. Les journalistes étaient piégés dans la ligne de mire des balles.
Je regardais le mur à côté de moi. J'ai vu les balles frapper le mur. C'était terrible. Quelques minutes plus tard, à l'interieur, j'ai vu des journalistes blessés.
Jean Feguens Regala, photojournaliste
La coalition des gangs, Viv Ansanm, qui contrôle le territoire où se trouve l’hôpital ont revendiqué l'attaque. Sur le réseaux sociaux Johnson "Izo" André, l’un des chefs de Viv Ansanm, a confirmé les actions du gang.
Viv Ansanm affirme que les autorités qui organisaient la réouverture de l’hôpital n’ont pas obtenu l’autorisation des gangs. Ces derniers ont donc ouvert le feu à travers les espaces dans la barrière métallique à l'entrée de l'hôpital.
Les vidéos montrent les journalistes en train de fuir une pluie de balles tirée de l’extérieur de la structure.
Tous les journalistes voulaient entrer dans l'hôpital quand ils ont entendu le bruit des balles. Je me cachais derrière une porte mais les autres ont continué à courir.
Jean Feguens Regala
Jean Feguens Regala a survécu parce qu’il s'est caché dans une cabane en béton près de la barrière. Il est convaincu qu'il serait mort s'il avait couru vers le bâtiment avec ses confrères.
Les journalistes, Markenzy Nathoux et Jimmy Jean, ont été tués pendant l'attaque. L'Association haïtienne de journalistes confirme le décès des 2 journalistes et d'un officier de police.
Sept autres journalistes ont été blessés : Petyon Robens, Réginald Baltazar, Miracle Velondie, Florise Deronvil, Jean-Jack Aspèges, Jocelyn Justin et Rosemond Vernet.
L'association a décrit une scène "macabre comparables aux actes terroristes."
Des secours au ralenti
Après la fusillade, les victimes n’ont pas été prises en charge rapidement. Les forces de l’ordre ont pris 2 heures avant d’arriver sur place. Il n’y avait ni médecin, ni infirmière dans l'hôpital.
Il n’y avait pas de pansements, de produits désinfectants ou de gants à disposition alors que l'hôpital s'apprêtait à recevoir du public. La situation était critique.
Il était impossible d’évacuer les journalistes par l’entrée principale. Il a fallu éviter les gangs en escaladant les murs à l’aide d'échelles.
Les blessés ont perdu beaucoup de sang en l'espace de plus d’une heure.
Arnold Junior Pierre sur les ondes de la radio Magik9
Les journalistes mal à l'aise
À leur arrivée sur place, les journalistes savaient que le lieu n’était pas sécurisé. Ils ont accepté l'invitation pour couvrir la réouverture de l'hôpital parce qu'elle a été envoyée par le Ministère de la santé. Mais, ce dernier n’est jamais arrivé à l'événement.
Quand les journalistes ont contacté les forces de l’ordre pour obtenir plus d’informations sur l’incident, les policiers ont répondu qu’ils n’étaient même pas au courant de la réouverture de l'hôpital.
La structure se trouve dans une zone contrôlée par les gangs. Mais les autorités haïtiennes n'ont jamais demandé la présence des forces de l’ordre pour protéger les invités.