Ce talent, Jules Marville en a hérité de son grand-père. Dès l’enfance, il observait les doigts fripés du vieil homme en train de manipuler avec une dextérité incomparable les fibres naturelles. Lui aussi s’est mis très tôt à tresser le "bakwa" et à fabriquer des balais. Désormais, cela lui fait plus de 50 ans de savoir-faire.
Jules commence par couper lui-même les feuilles de latanier qu’il a sélectionnées en fonction de leur taille, leur maturité et leur qualité. Pour confectionner les manches, il utilise du bois de goyavier, de bois dinde ou de poirier. Il laisse sécher les feuilles de latanier une semaine avant de les travailler dans son atelier, à l’arrière de sa maison.
Jules Marville commence par gratter le manche avant d’y installer les premières feuilles qui formeront le cœur du balai. Il laisse les plus belles pour les entourer et faire une jolie finition. Le tout est fixé au manche par des clous et des cordes en "mao piment", il s’agit d’une fibre naturelle issue d’un bananier qui ne porte pas de fruits. Autrefois, on en faisait des cordes très solides utilisées pour attacher les cochons et autres animaux.
Jules aime préciser que le plastique et les matériaux synthétiques ne sont pas les bienvenus dans son atelier.
Une fois qu'il a terminé, l’artisan réalise un test pour savoir si le balai est réussi : il doit tenir debout tout seul grâce à sa robe de feuilles de latanier.
Certains achètent ce balai pour les tâches ménagères et d’autres, comme objet décoratif qui leur rappelle l'époque où le balai en latanier était l'objet indispensable dans chaque maison martiniquaise.