Jets de gaz lacrymogène et attaques contre les journalistes ont marqué les manifestations contre la réforme électorale à la Dominique

La Dominique, l'axe routier bloqué près de la ville de Salisbury, fief de l'opposition.
Le 19 mars 2025, les députés de la Dominique ont adopté la loi sur la réforme électorale. Les manifestations contre cette nouvelle législation ont été dispersées par les paramilitaires de la RSS, Force régionale de sécurité.

Mercredi (19 mars), le jour du vote de la réforme électorale, les forces de l’ordre ont bloqué tous les axes routiers autour de l’Assemblée nationale à Roseau, la capitale de la Dominique.

Les agents de la RSS (Regional Securite Service), les paramilitaires Caribéens, mobilisés normalement dans la lutte contre la grande criminalité et pour sécuriser les pays de la région après les catastrophes majeures, ont affronté les citoyens de la Dominique qui n’étaient pas armés.

En 2019, à la Dominique, les agents du RSS ont repoussé des manifestants avec des balles réelles.

Cette fois-ci, le gaz lacrymogène et les balles en caoutchouc ont été utilisés pour disperser quelques centaines de personnes. Les images ont fait le tour de la région.

Il y a eu des accusations d’usage de force excessive et d'abus de pouvoir.

Sur des vidéos, on voit le commissaire adjoint de la police nationale en train d'arracher l’appareil de tournage d’un journaliste d’EmoNews, un web média.

La journaliste a été violemment attaquée par les forces de l'ordre.

Emerline Anselm, directrice d’EmoNews a exprimé son inquiétude et sa colère concernant les actions des officiers.

On demande une enquête impartiale et de la justice pour notre reporter Soanna Benjamin. On demande des réformes pour empêcher ce type de violation et de protéger le droit d'accès aux informations et notre droit de relayer les actualités.

Emerline Anselm, directrice d’EmoNews

Absence du Premier ministre

Le Premier ministre Roosevelt Skerrit était absent du vote sur la réforme électorale, attendu depuis plusieurs années. Son parti, le Parti Travailliste de la Dominique (Dominica Labour Party) bénéficie d'une majorité écrasante à l'Assemblée, donc sa présence n'était pas nécessaire.

Il s’était rendu à Saint-Martin pour la cérémonie d’intégration du territoire francophone au sein de l’OECS (Organisation des Etats de la Caraïbe de l’Est).

À son retour de Saint-Martin, dans un court discours enregistré, le Premier ministre Roosevelt Skerrit a condamné les actions des manifestants. Il les accuse de "semer le chaos et la peur."

Il a mis en cause la légitimité des protestations car les activistes ne sont pas les élus.

Une réforme nécessaire

Avant cette réforme, un électeur n’avait pas besoin de présenter une pièce d’identité pour pouvoir voter. Il donnait son nom et passait aux urnes. Certains individus ont pu voter dans plusieurs circonscriptions, utilisant les noms différents.

Aujourd'hui, chaque individu sera obligé d'être muni d'une carte d’identité d’électeur au bureau de vote de sa circonscription.

La réforme garantit à tous les partis politiques un accès équitable aux médias de l’état pendant chaque campagne électorale.

Une réforme inadéquate

La mobilisation était organisée par le groupe ERC, coalition pour la réforme électorale qui regroupe des partis politiques, des ecclésiastiques, des organisations civiques et les particuliers.

L’ERC estime que les textes finaux qui ont été votés ne vont pas assez loin et ne s’alignent plus sur les recommandations du juriste Dennis Byron, désigné par le Premier ministre de rédiger la réforme électorale.

Il a recommandé que la liste des électeurs soit reconstituée pour purger les noms des défunts et les personnes non éligibles.

Selon la réforme, les électeurs doivent simplement confirmer leurs noms sur les listes.

Aujourd’hui, la majorité des citoyens de la Dominique vivent à l’étranger et reviennent uniquement pour voter.

L’ERC a demandé plus de transparence sur l’éligibilité de vote de ces individus ainsi que l'exclusion du processus électoral des personnes qui ont acheté la citoyenneté de la Dominique.

Le programme Citoyenneté par Investissement de la Dominique

L'opacité autour des financements des campagnes électorales

L’ERC a demandé plus de transparence sur le financement des campagnes électorales. À la Dominique, comme dans toute la Caraïbe, les partis politiques n’ont aucune obligation de déclarer les sources où les sommes dépensés pour gagner une élection.

Les règlements de la loi sur cette réforme électorale à la Dominique n'ont pas encore été publiés.