Avant de procéder au prélèvement du miel, Jean-Pierre Jorite et Frantz Fonrose se protègent des pieds à la tête.
Les deux apiculteurs portent des bottes, une combinaison, des gants, et un voile pour le visage.
Mais leur équipement de protection individuelle ne suffit pas pour éviter les piqûres d'abeilles. Il faut aussi et surtout, un enfumoir.
Cet outil est indispensable. Si on n'a pas d'enfumoir, on peut être habillé comme on veut, on ne va pas dans la ruche, sans ça. L'enfumoir va produire de la fumée . Mais c'est seulement pour brouiller la communication. Cela n'endort pas les abeilles. Elles communiquent grâce aux phéromones, aux odeurs . Mais parfois, elles peuvent passer outre cette fumée et se montrer assez nerveuses .
Jean-Pierre Jorite, président de l'Association de Développement de l'apiculture martiniquaise
Pour la fumée, Frantz Fonrose et Jean-Pierre Jorite utilisent du bois naturel et de l'herbe verte.
Là, c'est du copeau de mahogany. C'est du bois local, non traité. On peut utiliser n'importe quel produit naturel, mais pas traité. Les traitements chimiques peuvent avoir des rémanences, dans la fumée, ce qui va intoxiquer les abeilles.
Jean Pierre Jorite, apiculteur
Jean-Pierre Jorite et Frantz Fonrose exploitent une dizaine de ruchers, dans le quartier de Canal Cocotte, à Ducos.
Chaque rucher possède entre 20 et 30 ruches. Dans chaque ruche, on trouve environ 60 000 abeilles.
Le miel de mangrove
De nombreux apiculteurs ont choisi d'exercer leur activité, dans la forêt de la mangrove.
Quand on parle de mangrove, c'est l'ensemble de ces plantes, comme le palétuvier . Dans le palétuvier, il y a 4 ou 5 variétés. Et en arrière de cette mangrove, on va retrouver le bois rouge, le côtelette, le glycéria. On va même trouver le campêche, qui va apporter de la valeur ajoutée à cette mangrove.
Frantz Fonrose, apiculteur, adjoint au maire de Ducos, en charge de l'environnement, de l'agriculture, de la pêche et de l'aménagement du territoire
Le miel de mangrove, est produit notamment à partir des fleurs de palétuviers; ce qui lui donne un goût particulier.
C'est une qualité différente, parce que c'est une plante qui vit, dans de l'eau salée. Et c'est là sa spécificité: ce miel sera plus riche en sel. En fin de bouche, il y aura toujours ce petit goût salé qui restera. C'est ce qui fait la petite différence, avec le miel de mangrove.
Frantz Fonrose, apiculteur
La mangrove, un écosytème à protéger
A part le miel qu'elles produisent, les abeilles jouent un rôle essentiel, pour la biodiversité.
Ce sont les abeilles qui ont contribué aux grandes forêts dans le monde, en Amazonie, en Afrique, que l'Homme est en train de détruire. Les abeilles sont aussi des sentinelles de l'environnement. Si ça ne va pas dans l'écosystème, dans le climat, l'abeille nous renseigne. Si ça ne donne pas de miel, s'il n'y a pas de fleur, s'il y a des pesticides, l'abeille nous le rapporte à l'intérieur de la ruche.
Jean Pierre Jorite, Président de l'Association de Développement de l'Apiculture Martiniquaise
La mangrove aussi est vitale pour les abeilles et de nombreuses espèces.
La mangrove doit être sanctuarisée, parce que c'est là où les alvins, les poissons viennent naître, les crabes, les langoustes. Et au-delà encore, les abeilles en profitent. C'est une chaîne infinie, la mangrove. Malheureusement, elle est mal connue.
Frantz Fonrose, apiculteur et adjoint au maire de Ducos, en charge de l'environnement, de l'agriculture, de la pêche et de l'aménagement du territoire
Frantz Fonrose possède des ruchers à plusieurs endroits, pas seulement dans la mangrove.
J'ai un miel qui provient du François. C'est une autre variété de miel de forêt sèche, qui aura un autre goût, un autre parfum,. Et c'est comme ça pour tous les miels. Et c'est ce qui fait la valeur et la richesse de nos miels en Martinique. C'est cette diversité de parfums. On en a dénombré à peu près une douzaine.
Frantz Fonrose, apiculteur
En Martinique, on dénombre près de 250 apiculteurs et 15 000 ruches, sur l'ensemble du territoire.
Mais la porofession manque parfois d'espace, pour développer l'activité .
L'apiculture, la production de miel s'effectue exclusivement, avec la flore de Martinique. Nous n'avons pas de grande culture, ni de champ de maïs ou de colza. Donc on fait du miel de forêt exclusivement. Les apiculteurs ont besoin d'espace, pour les ruches. Dès qu'il s'agit de forêt, on trouve des accords avec des propriétaires qui nous autorisent à poser les ruches. On trouve des endroits. Mais on cherche encore parce qu'il faut installer la nouvelle génération, la relève. Mais il reste en Martinique, beaucoup de surface non utilisée, non exploitée par l'apiculture.
Jean Pierre Jorite, Président de l'Association de Développement de l'Apiculture Martiniquaise
La ville de Ducos a mis en place un Programme Alimentaire Territorial, pour favoriser l'installation des exploitants agricoles, développer les circuits courts et distribuer les produits loaux, dans les cantines. L'apiculture fait partie des priorités.