L’outre-mer est-il le grand absent de la planification écologique présidentielle ? Nous pourrions le penser, le chef de l’État n’ayant pas évoqué nos territoires lors du Conseil de planification écologique. Dans son discours de clôture, hormis une brève mention à l’abandon du projet d’exploitation d’une mine d’or en Guyane, il n’a pas été question de l’avenir de nos pays, pourtant aux avant-postes des dérèglements du climat à l’échelle de la planète.
Érosion des littoraux, submersion marine, atteintes irréversibles à la faune et à la flore terrestre et maritime, intensification des épisodes de sécheresse et des cyclones sont le lot quotidien de l’archipel périphérique français. Des inconvénients majeurs qui vont se traduire bientôt par une augmentation des réfugiés climatiques, la baisse de la production agricole, la raréfaction des espèces pêchées, l’urbanisation chronique, la disparition des paysages, notamment.
Diminuer les émissions de gaz carbonique
Les causes de ces bouleversements à venir et pour certains déjà présents sont largement documentées. À savoir l’élévation continue des températures moyennes des océans et des terres habitées en raison de la production industrielle, des transports et de l’agriculture intensive. Des activités humaines rendues possibles par la surexploitation des sources d’énergie fossile, le pétrole en premier lieu.
Le président souhaite que la France s’engage dans la seule voie qui vaille pour empêcher la destruction de la planète, la diminution les émissions de gaz carbonique, de manière progressive et résolue. Ce qui s’appelle la transition énergétique, consistant à passer d’une forme de production d’énergie à une autre, plus vertueuse. Laquelle va de pair avec la transition écologique, consistant à produire des richesses en préservation l’environnement de l’espèce humaine.
Que faut-il attendre de l’État ?
Le président souhaite que la France se pose comme une sorte de modèle pour l’humanité durant la prochaine décennie, celle de la transition vers un modèle de développement de nos sociétés basé sur une écologie réaliste et efficace, pour résumer la pensée complexe du chef de l’État. Or, sachant les handicaps de nos territoires, mais surtout leurs atouts, nous pourrions devenir autant de territoires pilotes pour enclencher un autre mode de vie.
Pourquoi donc l'outre-mer est absent de la planification écologique du gouvernement ? Vraisemblablement à cause de la complexité des situations dans chacun de nos territoires. Le pétrole y est si présent que sa proportion dans la production d’énergie oscille de 50% en Guyane à 95% à Mayotte, en passant par 75% en Martinique. Les énergies renouvelables ont du mal à s’imposer, alors que nous bénéficions de conditions naturelles idéales pour les développer.
Ces atouts sont le photovoltaïque et l’éolien partout, l’énergie tirée des rivières en Guyane, la géothermie marine en Guadeloupe et, dans une moindre mesure, la biomasse en Martinique. Des potentiels sous-exploités en dépit des discours. Faut-il attendre quoique ce soit de l’État sur ce plan ? Les collectivités locales ont tout pouvoir pour organiser la planification écologique. Si la logique autonomiste a du sens, voilà un terrain sur lequel elle peut s’appliquer.