La Collectivité Territoriale de Martinique veut faire entrer le créole en grand à l’école

Les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique en séance plénière
Une somme de 90 000 euros est prévue pour les porteurs de projet de création de supports pédagogiques pour perfectionner l’enseignement du créole à l’école. Une décision unanime prise lors de la réunion plénière mensuelle l’Assemblée Territoriale qui va dans le sens des orientations du rectorat de l’académie.

La Collectivité Territoriale de Martinique veut faire entrer le créole en grand à l’école. Elle a prévu de débloquer une somme de 90 000 euros pour financer les projets visant à produire des outils pédagogiques d’apprentissage de la langue créole à l’école. La décision a été prise presque à l’unanimité, ce jeudi 28 septembre 2023, par 40 voix et 2 abstentions sur les 51 élus de l’Assemblée de Martinique.

Le chef de file du groupe Ansanm pou péyi nou, Jean-Philippe Nilor, a proposé de porter cette somme à 180 000 euros. Sa proposition a été rejetée. Pourtant, il avait argumenté sur l’importance symbolique de ce geste hautement politique.

Près de 4 000 élèves sur les 70 000 de l’académie (environ 6%) bénéficient d’un enseignement en langue et culture régionale créole. Le rectorat a ouvert à la rentrée 119 classes bilingues dans lesquelles interviennent environ 700 professeurs formés et habilités à enseigner le créole et en créole.

Il manque d’outils pédagogiques pour le créole

La CTM constate, avec le rectorat, qu’il existe un réel engouement de plusieurs centaines d’enseignants et d’innombrables élèves et de leurs parents pour suivre ces enseignements. Cependant, il manque de supports pédagogiques et d’outils pour mieux organiser l’apprentissage de notre langue vernaculaire. D’où le souhait des élus de favoriser au mieux cet impératif.

Pour cela, des livres imprimés et numériques destinés aux élèves et aux enseignants devront être disponibles à la rentrée de septembre 2024. Un appel à projet sera lancé ce 2 octobre 2023 pour recueillir les maquettes de ces outils. Le jury est présidé par la conseillère exécutive en charge de la culture, de l’éducation et de la formation, Marie-Thérèse Casimirius. Il se compose également de la présidente de la commission de la culture, Michelle Monrose, d’un représentant de chacun des quatre groupes politiques de l’Assemblée, de deux professeurs et de deux membres d’associations spécialisées.

Le jury va choisir parmi les projets qui peuvent être élaborés par des éditeurs de livres, des associations culturelles spécialisées dans l’apprentissage de la langue et tout autre expert reconnu. Les candidats devront démontrer une connaissance approfondie du contexte culturel et sociolinguistique martiniquais. Or, il y a pléthore de spécialistes dans ce domaine.

Le bilinguisme est une richesse

Si le calendrier est respecté, la CTM, par la voix de ses élus de tous les bords politiques s’engage résolument dans la voie de la structuration de l’enseignement de la langue créole. Une décision se situant dans le droit fil de sa délibération instituant le créole langue co-officielle à côté du français.

Il n’en paraît rien aujourd’hui, mais à mesure que l’apprentissage du créole et en créole sera généralisé, les performances intellectuelles de nos élèves seront décuplées. Ce qui leur facilitera l’apprentissage de toutes les matières, des mathématiques à la géographie, en passant par la littérature et la chimie.

Une quantité d’études menées dans les pays ou les régions en situation de bilinguisme attestent que les résultats scolaires y sont bien meilleurs qu’en situation de monolinguisme. Dès lors, la polémique sur la nécessité de conférer au créole un statut de langue officielle n’en paraîtra que plus démodée et archaïque.