La première fois qu’elle a mis les pieds en Martinique, Peggy Broche avait 3 ou 5 ans. Elle ne s’en souvient plus vraiment. Seule certitude : c’était à Fonds Lahaye, où son grand-père tenait une boucherie. Ça avait été l’occasion de découvrir l’île, que ses parents avaient quittée quelques années plus tôt, ainsi que le reste de sa famille qui vit dans ce quartier de Schœlcher.
Je suis née à Paris et j’ai grandi à Guignes, un petit village de Seine et Marne. Mon père était électricien et ma mère éducatrice. À l’époque, on partait en Martinique tous les 5 ans puis tous les 3 ans.
J’aimais venir en vacances car je retrouvais mes cousins avec lesquels j’ai créé des liens forts. J’ai eu le temps de connaitre mon grand-père. Il faisait le meilleur boudin de la Martinique.
Scolarisée à Guignes pour le primaire, à Mormant pour le collège, et à Melun pour la seconde, Peggy voit évoluer ses rêves au fil des années. Au début, la petite danseuse souhaitait être petit rat de l’opéra. Puis elle a voulu être comédienne avant de réaliser que ce ne serait pas simple de vivre du théâtre. Finalement, c’est un stage d’observation en classe de 3ème qui va tout changer.
Vivant à la campagne, il y avait peu de choix. La majeure partie de mes camarades se retrouvait à la boulangerie, à la banque, à la librairie, bref chez les commerçants du village.
Je ne voulais pas me retrouver dans cette situation. Au dernier moment un prof m’a aiguillé vers Radio France Melun. J’ai sauté sur l’occasion. J’ai passé 5 jours dans des studios et dans une discothèque remplie de vinyles.
Je suis sortie de ce stage en ayant une révélation : Je veux devenir animatrice radio.
Peggy succombe à la "magie" de la radio et s’émerveille de voir tout ce qu’on peut réaliser avec une simple voix posée devant un micro, mais aussi tout ce qu’on peut susciter auprès de celles et ceux qui écoutent sans voir l’animateur ou l’animatrice qui leur parle. Enfermée pendant des heures, l’adolescente enregistre ses premières émissions dans sa chambre.
En 1ère, Peggy fait un stage à Média tropical. Après son bac, elle entre à la fac, puis s’inscrit au Studio École de France. La jeune étudiante remporte un concours organisé par la radio antillaise et décroche une émission quotidienne. "Le matin j’étais en cours et l’après-midi à l’antenne. C’était très formateur", se souvient la jeune femme. Puis elle enchaine pendant un an avec Espace FM, l’autre radio antillaise à Paris.
Le souvenir le plus marquant à Espace FM, c’est une auditrice qui appelle au standard et me dit : Mon mari est à l’hôpital, il n’a plus que quelques heures à vivre, pourriez-vous lui passer sa chanson préférée "Tourment d’amour" d’Eddy Marc ?
J’étais bouleversée.
En 1999, Peggy fait un break et part à Londres. À son retour, elle fait un remplacement à radio Latina et rencontre, intimidée, la chanteuse Célia Cruz. Six mois plus tard, l’animatrice passe un casting et est embauchée par Rire et Chansons, où elle officie le week-end avant d’hériter des matinales.
Après quasiment 5 ans à Rire et Chansons, je décide d’arrêter. C’était une période compliquée pour moi et j’avais besoin d’une pause.
Je fais quelque mois à France Bleu, puis je quitte Paris pour Fort-de-France. J’ai toujours eu envie de connaitre la vie au quotidien en Martinique. Je travaille à la radio et à la télé sur place.
De retour à Paris, Peggy participe au lancement de la nouvelle radio antillaise Tropiques FM puis file à Toulouse pour un remplacement de deux semaines qui durera finalement deux ans sur Sud Radio, où elle anime un jeu quotidien et un magazine hebdomadaire de santé, beauté, et bien-être.
Aujourd’hui, la jeune Martiniquaise travaille à RTL, où elle a d’abord fait des remplacements comme speakerine, avant de présenter en août dernier la tranche matinale (5h00/6H30), et enfin la météo aujourd’hui dans les journaux du midi et du soir. "La radio c’est toute ma vie et j’ai la chance de vivre de ma passion depuis 25 ans", se réjouit Peggy Broche.