La Martinique n'est pas encore prête à affronter un séisme majeur mais les autorités y travaillent

Le risque sismique en Martinique est en cours de ©Martinique la 1ère
Les récentes images de Turquie et de Syrie nous renvoient à la réalité de notre zone à risque sismique élevé. Nos constructions résisteront-elles à un Big One ? Si la prise de conscience est bien réelle, il y a encore beaucoup à faire.

Il faut remonter au 29 novembre 2007 pour retrouver le dernier gros tremblement de terre en Martinique. 50 secondes de secousse à 15 heures précises. Un séisme de magnitude 7,4 sur l'échelle de Richter. L'épicentre était situé à 143 kilomètres de profondeur au Nord-Ouest de Saint-Pierre. La Martinique a eu peur ce jour là.

Bâtiment fragilisé le 29 novembre 2007 à Fort-de-France.

En ce début des années 2020, 225 000 logements de résidence sont recensés en Martinique. 33 000 sont vacants. Les experts du BTP estiment que près de 1800 logements conformes à la réglementation sortent de terre chaque année.

Les tremblements de terre de 2004 aux Saintes, de 2007 en Martinique, et d’Haïti en 2010, ont provoqué un électrochoc.

Jean Yves Bonnaire, secrétaire général de la Fédération Régionale du BTP estime que "toute la filière a joué le jeu de la formation". Les entreprises ont acquis un vrai savoir-faire, en dépit d’une législation évoluant sans cesse.

Perplexité pour les constructions d'avant les années 2000

Didier Deris, ingénieur en bâtiment et directeur de la société d’expertise Anco, nous amène au centre-ville de Fort de France. Il pointe du doigt toute une série de constructions datant du siècle dernier. Des structures qui ne sauraient offrir de résistance en cas de séisme. "Pas de murs, pas de poutres, juste un château de cartes", s'alarme-t-il.

L’expert en bâtiment nous amène cette fois au rez-de-chaussée d’une barre d’immeuble de logements sociaux, dans le centre de l’île, pour nous montrer un autre danger.

Des poteaux trop courts et qui ne résisteraient à rien, en cas de fortes secousses. On trouve ces poteaux courts dans trop de bâtisses, notamment chez les particuliers.

Didier Deris, ingénieur en bâtiment

Paysage de Martinique.

Renforcer l’existant

Toutes les structures qui ont échappé à une réglementation plus rigoureuse en termes de parasismicité sont concernées. Les autorités ont d’ailleurs classé le bâti en 4 catégories :

  • Catégorie I : pas d’occupation humaine (hangar...)
  • Catégorie II : Maison individuel, structure accueillant moins de 300 personnes..
  • Catégorie III : Surface supérieure à 28 m², accueil de plus de 300 personnes (école, centres commerciaux...)
  • Catégorie IV : bâtiments qui doivent continuer de fonctionner en cas de catastrophe (écoles, casernes, hôpitaux, Préfecture...)

La catégorie IV concerne des bâtiments qui doivent résister, comme les écoles. Les travaux de renforcement ont débuté. Le Plan Séisme 3, d’ici à 2027, prévoit 350 millions d'euros pour des interventions dans 90 écoles, du primaire au lycée.

Pourcentage d’élèves sécurisés dans les établissements scolaires publics de Martinique

(1er janvier 2023)

  1. Ecoles du 1er degré : 38%
  2. Collèges : 39%
  3. Lycées : 43%

(Source DEAL)

2,5 à 3 milliards d’euros à mobiliser

Les opérateurs de logements sociaux sont aussi à la manœuvre, à l’instar d’Ozanam HLM.

Si le parasismique est une réalité depuis les années 2010 pour les nouvelles constructions, en ce qui concerne les logements plus anciens, un vaste programme de renforcement est en cours.

Aujourd’hui, à Ozanam HLM, 60% du parc a été sécurisé. L’opérateur estime, entre 15 et 30 000 euros, les travaux pour chaque logement.

Plus largement, les experts du secteur estiment qu’une enveloppe de 2,5 à 3 milliards d’euros serait nécessaire pour sécuriser l’ensemble du bâti martiniquais.