C’est une annonce d’Homero Figueroa, le porte-parole de la présidence dominicaine hier (lundi 9 octobre 2023) sur le réseau social X (anciennement Twitter), à l’issue d’une réunion du conseil national de sécurité. Les postes-frontières ouvriront à 08h00 (heure locale) mercredi 11 octobre 2023. Mais cette réouverture sera très partielle.
Une réouverture partielle pour écouler des produits vers Haïti
Des "corridors commerciaux provisoires" seront aménagés sous surveillance militaire dans quatre provinces du pays. "Des mesures strictes de contrôle militaire et d'enregistrement biométrique" seront mises en place afin de "faciliter le commerce de produits dominicains essentiels tels que les aliments et les médicaments, en particulier pour les enfants", a indiqué M. Figueroa.
Il annonce également la création d'un fonds pour financer un programme de mécanisation agricole afin de réduire l'embauche de travailleurs immigrés sans papiers. Mais pour le reste, rien ne change. La délivrance des visas aux citoyens haïtiens est toujours suspendue jusqu'à nouvel ordre.
Ces nouvelles mesures précèdent l'arrivée d'une mission internationale de l'ONU en Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, enlisé depuis des années dans une crise économique et politique aggravée par la violence des gangs.
Haïti est le deuxième partenaire commercial de la République dominicaine, recevant 8,4% de ses exportations, qui s'élevaient à environ un milliard de dollars en 2022.
Toutefois, le gouvernement a interdit l'exportation de produits électroniques et de matériaux de construction, "afin d'empêcher la construction de structures qui menacent notre patrimoine environnemental", a précisé M. Figueroa.
Une frontière fermée pour protester contre la construction d'un canal d'irrigation côté haïtien
Le président dominicain Luis Abinader avait annoncé le 14 septembre 2023 la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes avec son voisin à partir du 15 septembre 2023, en représailles à la construction d'un canal d'irrigation s'approvisionnant dans une rivière binationale, la rivière Massacre.
Les autorités haïtiennes ont pour leur part appelé lundi au "dialogue pour résoudre le conflit" concernant la construction du canal, et réclamé la normalisation des relations entre les deux pays.
"Haïti considère adéquat le résultat (des négociations) que s'il permet le partage équitable des ressources en eau, la normalisation des relations entre les deux pays et le retour à la circulation des personnes et des biens, comme (...) avant la fermeture unilatérale" de la frontière, ont-elles déclaré dans un communiqué.
La Chambre de commerce, d’industrie et des professions du Nord-Est d’Haïti (Cci/Nord-Est), dans un entretien accordé à la plateforme AlterPress/ AlterRadio, a exprimé son indignation. "La République Dominicaine ne voit pas Haïti comme un partenaire commercial et tente de rabaisser le pays", a déclaré Albert Pierre-Paul Joseph, président de cette chambre régionale
La République dominicaine va "renforcer la militarisation de la frontière pour rendre encore plus difficile l'entrée sur notre territoire des membres de gangs (haïtiens) qui fuient la force multinationale", a déclaré le porte-parole du gouvernement.
M. Luis Abinader, qui cherche à se faire réélire, a fait de la lutte contre l'immigration clandestine un de ses chevaux de bataille. La crise en Haïti a augmenté le flux de Haïtiens, dont beaucoup sont sans-papiers, vers son voisin de l'île d'Hispaniola, qui a multiplié les raids et construit une clôture à la frontière commune.