"Il faut poser la question institutionnelle aussi au congrès des élus, car il faut savoir si nous sommes fondamentalement une nation". Ainsi parle Charles Chammas, conseiller du groupe Alians Matinik. C’était peu après l’adoption du rapport présenté par Didier Laguerre sur la prochaine convocation de cette instance.
Il s’exprimait à l’occasion d’une discussion sur les termes d’une résolution de soutien aux lauréats des concours de recrutement de professeurs. Le texte a été adopté, manière de montrer l’indignation des élus de la CTM quant à la mutation loin de l’académie de Martinique des néo-titulaires de l’enseignement.
En quoi le sort des fonctionnaires d’État est-il du ressort des conseillers à l’Assemblée de Martinique ? Tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas rester insensibles à la situation de ces jeunes femmes et hommes obligés de quitter famille et vie sociale stable, alors même qu’ils pourraient être affectés dans leur académie d’origine.
Les élus réclament des responsabilités élargies
Une situation incompréhensible révélant les difficultés auxquelles se heurtent nos institutions dès lors qu’il s’agit de résoudre les difficultés de vie de la population. D’où cette incise de Charles Chammas. Il se montre désireux, tout comme ses camarades du Parti progressiste martiniquais et leurs alliés, de porter des solutions aux problèmes. Un souhait formulé et approuvé par les élus de tous les groupes politiques composant l’assemblée.
Une unanimité incitant à supposer que les élus sont disposés à établir un diagnostic des maux de notre société et à formuler des préconisations pour les résorber. Il s’agira lors du prochain congrès de recenser toutes les revendications de nos élus afin de définir une gestion optimale de notre territoire.
Quelques semaines après la Déclaration de Fort-de-France du 16 mai 2022 lancée au président de la République par les exécutifs des collectivités territoriales de l’océan Indien et des Antilles-Guyane, l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle étape de l’histoire des pays d’outre-mer au sein de la République, comme le dit le texte. En clair : revoir les relations entre nos territoires et l’Etat.
De nouvelles propositions pour résoudre nos problèmes
Toutes les options sont sur la table. Le congrès est habilité à formuler des propositions d’évolution institutionnelle et à présenter des demandes de nouveaux transferts de compétences de l’Etat vers la collectivité. Il faut s’attendre à ce que cet aréopage de nos représentants réclame des responsabilités élargies afin, notamment, de réorienter notre développement économique selon les intérêts de la population martiniquaise. En tout cas, c’est l’objectif recherché.
Par rapport à l’ancienne formule de cette instance qui ne comprenait que les conseillers généraux et régionaux, la nouvelle est composée des 60 élus de la Collectivité Territoriale, des 34 maires et des 6 parlementaires, soit un total de 100 titulaires de mandats électifs.
Le congrès pourra s’appuyer sur les avis et propositions de la population et des corps intermédiaires. Il pourra également solliciter des experts et toute personne-ressource jugée utile à ses réflexions. Il est prévu que les discussions qui vont commencer à la mi-juillet s’étaleront sur plusieurs séances jusqu’en octobre 2022. Une commission ad hoc est chargée de la coordination des travaux. Son président est Didier Laguerre et sa secrétaire Nadia Accus-Adaine, deux élus du groupe Alians Matinik.
Au-delà de la définition et de la conduite des politiques publique locales, il reste dorénavant à mesurer la volonté des principaux élus martiniquais quant aux changements radicaux qu’il convient d’opérer dans notre pays. Jusqu’où seront-ils capables d’aller dans la redéfinition de nos relations avec l’Etat ? Que seront-ils capables de soutenir quant aux rapports de la Martinique à la France ? Car c’est bien de ces épineuses questions dont il s’agit, en vrai.