Petit Papa Noël, Martinique-Miracle attend tes cadeaux. Notre liste est si longue que nous savons que tu ne pourras pas tout nous offrir. Et puis, il faut penser aux autres, dans le monde entier, qui espèrent que tu leur porteras ce dont ils rêvent. Nous savons que beaucoup, ailleurs, t’ont demandé la fin de la guerre et la paix. D’autres veulent abolir la faim et la misère. Nous n’oublions pas ceux qui voudraient que leurs enfants vivent mieux qu’eux.
Nous resterons donc modestes dans nos vœux. Il ya toujours plus malheureux que soi. Et puis, nous avons été sages cette année. Nous n’avons pas souvent fait grève. Les opérations mòlòkòy appartiennent au passé. Désormais, nous ne montrons notre colère qu’en de rares moments.
Par exemple contre certains scandales judiciaires contre lesquels nous demeurons impuissants. Comme si nos vies étaient solubles dans le chlordécone ou soumises à un avion fou volant à tombeau ouvert vers la mort au Vénézuela.
Nous avons été sages cette année
Nous protestons plus souvent contre la vie chère. Nous ne savons plus si c’est à cause de l’Ukraine ou du dérèglement du climat, mais nous voyons que tout augmente plus vite que les salaires. Manger est hors de prix. L’essence devient un produit de luxe. Le prix du gaz joue au yo-yo. Les billets d’avions sont inabordables.
Alors, Papa Noël, peux-tu nous donner un peu plus d’argent ? Il faut servir surtout ceux qui n’en ont pas du tout, ou si peu. Leur nombre ne baisse pas malgré le soi-disant progrès.
Et si tu peux donner de l’eau au robinet à tout le monde tout le temps. Figure-toi qu’en 2022, ce n’est pas le cas, alors que l’île regorge d’eau, au point qu’il y a en a pour deux fois sa population. A n’y rien comprendre, comme disent les habitants de Morne Capot et de Madelonnette.
C’est comme pour les bus. Entre les tramways en panne de batterie et les véhicules sans frein, ceux qui n’ont pas de voiture sont bien embêtés. Des bus neufs pour tout le monde et en plus grand nombre, que voilà un cadeau magnifique.
La vie devient folle
Et puis, Papa Noël, un autre beau cadeau à nous faire serait un livre de recettes pour nos jeunes qui vont faire leur vie ailleurs et qui y restent. Si tu pouvais les convaincre de revenir, à un moment donné, pour redynamiser le pays qui verse dans le conservatisme, ce serait bien.
N’oublie pas non plus tous ceux qui tombent dans le crime, avec ces trafics de drogues et d’armes. La prison est surpeuplée, l’argent sale est partout, l’avenir de ces jeunes est barré. Alors, quelques kilos d’espoir et un cahier de réhabilitation ne seraient pas refusés, même si certains d’entre nous pensent qu’il est trop tard.
Nous n’oublions pas un hôpital tout neuf, avec des professionnels en bonne santé sur tous les plans, et de moins en moins de personnes malades et souffrantes. Comme tu le sais, sans la santé, nous ne sommes rien.
Et voilà, Papa Noël. C’est signé : la Martinique qui espère en des jours meilleurs. Les rêves sont libres,