Le semi-confinement passe mal dans l’opinion et chez les professionnels de Martinique

Rue de Fort-de-France (Martinique.
La décision de restreindre partiellement notre liberté de circuler et de vaquer à nos obligations suscite une véritable levée de boucliers. Une fronde pouvant surprendre, le premier confinement n'ayant suscité aucune protestation.
Et maintenant, voilà le semi-confinement et la semi-liberté de circuler et de travailler. Apparemment, la version française du virus vit à mi-temps, évitant les écoles, les entreprises, les grandes surfaces. Cette demi-mesure suscite une virulente contestation venant des milieux économiques et des élus locaux mis devant le fait accompli.

Nos dirigeants sont bardés de diplômes, mais ils semblent tout ignorer de la vie des gens. Ils se réfugient derrière des statistiques, des courbes, des graphiques, des communiqués au jargon obscur pour justifier une décision incompréhensible.

Pas un mot pour l'humain mais plusieurs fautes de langage comme l’expression violente "commerce non essentiels". Pas un mot dans la langue du pays ou de la région pour établir une proximité avec ses habitants. Et face aux demandes des petits entrepreneurs précipités vers la faillite pour beaucoup, un discours de fermeture, confondue avec la fermeté.
 
Pas un mot non plus sur la nécessité pour les étudiants d'aller en cours. Ni pour ceux qui sont obligés de travailler pour atténuer leur détresse économique. Pas un mot pour ceux qui ont été abîmés sur le plan psychologique lors du premier confinement, qui peuvent s'effondrer lors de ce second enfermement.
 

Où est la justice économique et sociale ?


A Sciences Po, à l’ENA, en faculté de droit, les étudiants apprennent l’axiome de l’efficacité de la parole publique. Pour qu’une décision politique soit appliquée, elle doit être comprise, juste et consensuelle.

Le semi-confinement n’est pas compris. Chacun respecte les précautions d’usage et est favorable à leur renforcement si nécessaire. Fermer les petits commerces n’est pas juste, les grandes surfaces étant ouvertes. Enfin, le consensus n’est pas là, mais il n’est pas trop tard.

Des élus proposent un couvre-feu la nuit et le week-end, comme en Guyane, où l’épidémie a baissé en intensité. Pourquoi ne pas les entendre ? Et pourquoi ne pas nous inspirer du premier confinement, durant lequel la société martiniquaise a respecté la parole de l’autorité, comme à chaque fois qu’elle est claire et nette ? En période de crise, la protection de la population passe nécessairement par la responsabilité partagée entre gouvernement, élus, corps intermédiaires et citoyens. Un principe déjà oublié ?