Le Venezuela organise un référendum pour annexer les deux tiers de son voisin le Guyana

Le ministre de la defense du Venezuela, le General Padrino Lopez avec la nouvelle configuration de son pays
Le Guyana a déposé une motion auprès de la Cour internationale de Justice de La Haye pour empêcher un référendum au Venezuela. Caracas veut l’avis du peuple vénézuélien concernant "les droits inaliénables du Venezuela et de son peuple sur le territoire d'Essequibo" qui est actuellement sous l'administration du Guyana.

Les habitants de la région d'Essequibo sont sous l’administration du Guyana. Ils sont anglophones. Les 160 000 kilomètres carrés de l'Essequibo représentent les deux tiers du territoire de Guyana. Riche en pétrole, en minéraux et de bassins hydrographiques, le Venezuela demande la restitution d’Essequibo depuis des décennies.

Le Guyana affirme que la frontière entre les deux pays a été fixée en 1899 par une cour d'arbitrage. Pour le Venezuela, le fleuve Essequibo est la frontière naturelle entre les deux pays depuis 1777.

La dispute territoriale a été confiée à la Cour Internationale de Justice.

L'annonce du référendum intervient à la suite d’un désaccord vénézuélien autour les droits d’exploitation des blocs pétroliers situés dans l’Essequibo. Le gouvernement du Guyana, par un système d'appel d'offres, a accordé les droits de forages aux compagnies pétrolières internationales.

Au Guyana, la construction d'un port pour le secteur petrolier

Le Guyana possède des réserves de plus de 10 milliards de barils de brut, qui pourraient augmenter grâce à de nouvelles découvertes. Le pétrole est particulièrement abondant dans la zone d'Essequibo.

Aujourd’hui, le Venezuela estime que la médiation avec le Guyana est terminée. Caracas ne veut plus reconnaître la légitimité de la Cour Internationale de Justice à arbitrer le dossier.

Les questions du référendum

Le 3 décembre 2023, date du référendum au Venezuela, les électeurs doivent répondre oui ou non aux 5 questions, validées par la Chambre constitutionnelle de la Cour Suprême, concernant l’Essequibo située à l’est de la frontière vénézuélienne avec le Guyana.

  1. Êtes-vous d’accord qu’il faut catégoriquement rejeter la ligne dessinée par la Decision arbitrale de Paris 1899 qui veut nous priver de notre Guayana Esequiba ?
  2. Soutenez-vous la validité de l’accord de Geneve de 1966, unique instrument juridique valable pour trouver une solution satisfaisante pour résoudre la controverse autour du territoire du Guayana Esequiba ?
  3. Êtes-vous d'accord avec la position historique du Venezuela à ne pas reconnaître la juridiction du Cours international de justice dans la résolution de la controverse territoriale autour du Guayana Esequiba ?
  4. Êtes-vous d’accord d’opposer, par toutes les voies juridiques, les revendications du Guyana à disposer unilatéralement, en toute illégalité et en violation de la loi internationale, de la zone maritime encore en arbitrage ?
  5. Êtes-vous en faveur de la création d’un état de Guayana Esequiba et l’élaboration d’un plan accéléré pour assurer le soin de l’actuelle et de la future population de ce territoire, de leur accorder la citoyenneté et d’émettre les cartes d’identité ? Selon l’accord de Genève et la loi internationale, le Venezuela incorpora cet état sur la carte vénézuélienne.

La région d'Essequibo (en rouge) reclamée par le Venezuela

Un recours déposé par le Guyana

Le mardi 31 octobre, le Guyana a déposé son recours devant la Cour internationale de justice, un tribunal dont le Venezuela ne veut plus reconnaître la légitimité.

Le Guyana veut que le Venezuela abandonne la formulation actuelle du référendum et la suppression des questions 1, 3 et 5.

Selon les juristes guyaniens, le Venezuela n’a pas le droit de proclamer sa souveraineté sur les territoires de l'ancienne colonie, Guyana britannique, définis dans la Décision arbitrale de 1899.

Les pays membres de la Communauté Caribéenne, la CARICOM et l’Organisation des États des Amériques, l’OEA, ont rejeté le référendum vénézuélien. Selon ces groupes, la loi internationale est formelle. Un état est interdit de saisir, d’annexer ou d’incorporer le territoire d’un autre état.

Président du Guyana Irfaan Ali

Une séance extraordinaire de l’Assemblée nationale du Guyana aura lieu ce vendredi 3 novembre 2023 pour formuler une résolution officielle au sujet de cette controverse territoriale et le référendum vénézuélien.

Ce sera l'une des rares occasions où le gouvernement et l'opposition du Guyana feront front commun sur l’avenir du pays.