Les dernières statistiques établies le 17 octobre par l'ARS sur les déserts médicaux en Martinique ne sont pas flatteuses. Comparé au dernier relevé établi en 2017, les zones en manque de médecins ou d'accès aux soins ont augmenté. Trois communes de plus sont touchées par une offre de soins insuffisante ou caractérisées par des difficultés d'accès aux soins par manque de professionnels de santé.
L'espace sud et le nord touchés
Cette année, les communes de Ducos, de Riviere-Salée et du Robert, viennent rallonger la liste des zones considérées comme désert médical. Cela fait en tout 31 communes dans le même cas.
Sur la carte, le zonage fait apparaître des communes en bleu classées en Zone d'Intervention Prioritaire (ZIP) et en vert les zones caractérisées par une offre de soins insuffisante (ZAC).
Le seul bémol de cette nouvelle carte c'est que la commune de Schœlcher en jaune, n'est plus considérée comme zone de désert médicale. Cela est dû à l'installation récente de spécialistes. Cette commune du centre, avec Le Lamentin et Fort-de-France fait partie des 3 communes où l'offre de soins est adaptée à la demande de la population. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt.
Toujours un manque flagrant de spécialistes
Selon le constat établi par l'Union des Médecins Libéraux de Martinique, il y a en tout 54,7 médecins spécialistes pour 100 000 habitants contre 85,4 dans l'Hexagone. Il faut rajouter à ces chiffres une population de médecins de moins de 65 ans peu nombreuse en Martinique. Une différence qui s'explique par le manque d'attractivité de notre territoire. Il y a en moyenne 25 % de spécialistes en moins en Martinique comparé à l'Hexagone. Il y a de vraie pénurie avec les pédiatres et les cardiologues qui sont 2 fois moins nombreux.
Des avantages pour combler ce vide
C'est certainement le seul avantage de ce constat, les zones classées d'intervention prioritaires bénéficient d'aides financières pour faire venir les médecins et faciliter leur installation avec du matériel. Ce dispositif est issu du Pacte Territoire Santé. Il participe à l’installation d’un jeune médecin qui peut bénéficier de cette opportunité pour 2 ans. Il s’agit d’inciter l’installation des jeunes généralistes en leur garantissant un revenu mensuel de 7.590 €. Une partie de ce revenu est versée par l’ARS. "On leur assure des qualités d'exercice qui correspondent à leur mode de vie avec des horaires adaptés."
Un désert médical permet aussi d'avoir des consultations avancées pour que les spécialistes puissent venir au plus près de la population. On met en place la politique de "l'aller vers".
Anne Criquet HayotInterrogée par Jean Marc Dabreu
À ce dispositif viennent s'ajouter depuis peu des centres médicaux. Ils s'installent dans les zones commerciales. Des ophtalmologues ou des dentistes sont concentrés dans des structures équipées pour des soins spécifiques. Ils permettent de réduire considérablement l'attente à certains soins. Ce sont aussi des structures qui doivent assurer un certain rendement. L'ARS veille à ce que la sécurité du patient et que la qualité des soins soient toujours au-dessus de l'aspect commercial.