C'est un texte corrosif que viennent de publier 5 associations féministes des Antilles, à la suite d'un féminicide perpétré à Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe. Mardi 28 mai 2024, une jeune femme de 28 ans a été assassinée par son compagnon.
Depuis le drame, le collectif a exprimé sa "colère" dans une tribune parue le week-end dernier (1er juin), en martelant une fois de plus que "les violences conjugales sont des atteintes à la dignité, à la sécurité, à l’intégrité et à la vie des femmes".
"Il faut donner aux associations les moyens"
Cet article que nous avons écrit, c’est pour dénoncer, c’est pour alerter l'opinion publique, alerter les politiques et nous pensons que des petites campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes au mois de novembre, ce n'est pas suffisant. Il faut donner aux associations les moyens pour faire de la prévention. Que les pouvoirs publics, la CTM, les communautés de communes, mettent en place une vraie politique comme priorité dans leur agenda politique, c’est-à-dire qu'il y ait de vrais budgets et qu'on sente qu'il y a un engagement parce que c'est notre société qui est en danger.
Georges Arnaud, porte parole de l'association martiniquaise "Culture Egalité", signataire de la tribune(au téléphone de Viviane Dauphoud-Eddos)
Parce qu’en 2024 observent les militantes, les femmes sont "toujours culpabilisées : quand elles se battent, quand elles se taisent, quand elles s’habillent, quand elles cuisinent, quand elles ont une vie sexuelle libre, quand elles avortent, quand elles enfantent, quand elles s’engagent, quand elles s’amusent, quand elles travaillent, quand elles luttent ensemble".
"Il y a urgence"
Les signataires soulignent qu’"il y a urgence" face à "une accumulation de violences qui doivent alerter" :
- Les violences verbales (humiliations, moqueries et injures) ;
- Les violences physiques (les coups, le refus de soin) ;
- Les violences psychologiques (chantage, contrôle du téléphone et des sorties, éloignement du cercle de connaissances, harcèlement, menaces de mort, d’enfermement, phrases toxiques, insidieuses et répétitives...) ;
- Les violences économiques (contrôle des ressources et des dépenses) ;
- Les violences administratives (contrôle et mainmise sur les papiers d’identité).
- Les violences sexuelles (rapports sexuels imposés, filmés et diffusés, viol conjugal).
"120 femmes assassinées" chaque année en France
Côté police ou gendarmerie, les brigades spécialisées sont insuffisantes et les effectifs d’intervenants sociaux ont fondu, si bien que les femmes victimes peinent à trouver quelqu’un vers qui se tourner.
Les féministes
Dans l’Hexagone et sur l’ensemble des territoires français, "chaque année, peu ou prou, 120 femmes sont assassinées" d’après les statistiques des associations féministes : "Koumbit Fanm Karayib", "Solidarité Femmes de Guadeloupe", "Forces", "nous toutes.org" et "Culture Egalité".