Les filières canne et rhum de Martinique jouent la carte de "l’excellence", en espérant des aides supplémentaires de l'Etat

Une plantation de canne à sucre et un verre de rhum blanc avec son zeste de citron tenu par un amateur (image d'illustration).
Après une présence remarquée au salon de l’agriculture 2024 à Paris et une invitation à l’Elysée, les présidents du Syndicat Canne Union et du CODEROM vantent "l’excellence" de leurs produits. À l’occasion de la venue en Martinique du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin avec sa ministre déléguée aux territoires ultramarins, la filière affiche ses atouts en espérant bénéficier d'un soutien financier complémentaire du gouvernement.

La canne à sucre en Martinique occupe 4 000 hectares, soit 18% environ de la SAU (Surface Agricole Utile), cultivée par 162 producteurs répartis sur tout le territoire. Elle représente la deuxième spéculation agricole de l’île après la banane. "La production moyenne annuelle sur les 10 dernières années représente 205 000 tonnes".

La seule canne au monde plantée majoritairement sur une aire d'AOC (d’Appellation d’Origine Contrôlée), qui répond à un cahier de charges très encadré. Le montant acheté par la sucrerie du Galion à Trinité et les distilleries (en dehors de leurs propres productions) pour fabriquer du sucre et du rhum, s’élève en moyenne à 21 M€/an.

Justin Céraline

(président de la Sica Canne Union)

Pipette de rhum pour la dégustation (image d'illustration).

Les mérites de la canne martiniquaise

Sur le plan agroécologique, la canne locale est "précurseur en matière de lutte biologique".

Dans les années soixante, les producteurs ont fait le choix d’utiliser la lutte biologique au lieu d’insecticides pour lutter contre "le Borer", bactérie de la canne à sucre laquelle ravageait nos plantations.

Justin Céraline

La filière se targue ainsi d’une "culture extrêmement vertueuse"

La production de canne à sucre dans le monde en 2021 :

  • Plus de 1,96 milliard de tonnes produites au niveau mondial sur une superficie de 27 millions d'hectares.
  • 752 millions de tonnes produites au Brésil (36 % pour le sucre, 64 % pour l'éthanol) ;
  • 405 millions de tonnes produites en Inde ;
  • 131 millions de tonnes produites en Chine ;
  • 2,8 millions de tonnes pour la production française en 2018 dans les DROM (La Réunion, la Guadeloupe et la Martinique).

(Source : cirad.fr)

La sucrerie du Galion à Trinité.

Le rhum martiniquais, "la référence..."

Concernant l’industrie du rhum, elle a aussi son savoir-faire d’où son label AOC (Apellation d’Origine Contrôlée) et ses nombreux prix internationaux. Au palmarès du concours général agricole qui s’est déroulé lors du dernier salon de Paris à Porte de Versailles (du 23 février au 3 mars 2024), la Martinique a aligné "42 médailles dont 17 en Or".

Une bouteille de rhum agricole extra vieux (image d'illustration).

Nous investissons entre 5 et 10 M€/an, dans le développement de nos sites, dans la restauration et la mise en valeur de notre patrimoine, dans la création d’emplois directs et indirects, qualifiés et innovants. Sur le plan de la transition énergétique, nous recyclons et valorisons tous nos déchets (résidus de distillation pour l’irrigation, bagasse en compost pour la fertilisation des sols, phytoremédiation, cogénération)… Présent dans plus de 100 pays à travers le monde, le rhum martiniquais est l’excellence et la référence du rhum agricole.

Charles Larcher

(président du CODERUM)

80% de la production locale est destinée à l’export, ajoute le CODERUM et "nous recevons 800.000 visiteurs par an dans nos distilleries". Ce secteur Canne/Sucre/Rhum emploie environ 3 900 personnes dans l'île.

Boutique de la distillerie Clément au François (image d'illustration).

Après avoir été reçus à l’Elysée ces derniers jours et avec de tels atouts, Justin Céraline et Charles Larcher espèrent au nom des deux professions, convaincre les ministres en visite en Martinique, quant à "la nécessité de soutenir davantage la filière", afin qu’elle poursuive sa "démarche d'excellence".