Les journalistes assassinés dans l’attaque des gangs sur l’hôpital universitaire en Haïti sont enterrés

Un ambulance transporte les bléssés de la fusillade a l'Hôpital Universitaire de Port-au-Prince.
Assassinés le 24 décembre 2024 dans le cadre leur travail, les journalistes Mackenzy Natoux et Jimmy Jean seront enterrés presque 3 semaines après leurs morts. Ils réalisaient des reportages sur la réouverture de l’Hôpital Universitaire de l’État d’Haïti, HUEH, lorsque les gangs ont ouvert le feu. Un policier, Daniel Renaud a également perdu la vie.

Mackenzy Natoux, travaillait pour plusieurs médias notamment l'Agence américaine pour les médias mondiaux ainsi que les organisations haïtiennes.

Il réalisait ses reportages en Créole. Ses collègues se souviennent d’un journaliste souriant qui n’hésitait pas à aider ses confrères lorsqu'ils avaient besoin des équipements. Mackenzy Natoux était marié avec deux enfants.

Le corps de Jimmy Jean est resté près de deux heures abandonné dans la rue devant l'hôpital. Finalement une ambulance l’a récupéré pour le transporter à la morgue.

Jimmy Jean travaillait pour le média en ligne "Moun Afe Bon". Il était journaliste et présentateur.

Les assassinats revendiqués par les gangs

Le leader du gang Viv Ansanm, Johnson "zo" André, a revendiqué l’attaque sur l’hôpital. Il a expliqué que sa coalition n’avait pas autorisé la réouverture de l’hôpital.

Ils ont tiré sur nous. Des collègues sont tombés. Ils ont pris des balles.

Jephte Bazil, journaliste et temoin de l’attaque, entretien avec le CPJ, Comité pour la protection des journalistes (États-Unis)

Le gouvernement d’Haïti a condamné les assassinats ainsi que l’Association des Journalistes d’Haïti, la AJH.

L’association estime que les autorités ont fait preuve de négligence dans cette affaire.

Le groupe SOS Journalistes a demandé l’ouverture d’une enquête officielle pour examiner l’organisation de la cérémonie de réouverture de l’hôpital, fermé depuis plusieurs mois à cause de l’insécurité.

Des indemnités sont demandées pour les familles des victimes.

L’organisation d’un évènement dans un quartier sous contrôle des gangs sans les mesures sécuritaires adéquates est inadmissible. Les responsables doivent être tenues responsable.

Guyler Delva, président SOS Journalistes

L'Hôpital universitaire de l'Etat d'Haïti, HUEH.

Une enquête au point mort

Près de 3 semaines après l’attaque meurtrière sur l’hôpital universitaire, aucune assistance n’a été apportée aux proches des victimes. Certaines estiment que l’État s’est lavé les mains de cette affaire.

Les proches des journalistes assassinés accusent les autorités de négligence.

Même Guyler Delva, président de SOS journalistes et membre de la Commission de l'enquête officielle, est accusé d'une indifférence totale envers les familles des journalistes assassinés.

L’ancien ministre de la Santé publique, le Docteur Duckenson Lorthé Bléma, limogé après l’attaque sur l’hôpital, n’a pas répondu à la convocation de la DCPJ, Direction centrale de la Police judiciaire qui dirige l’enquête sur les assassinats.