Jean-Philippe Pascal, l’auteur du documentaire, était journaliste à RFO Guadeloupe pendant les évènements liés à la lutté armée pour l’indépendance.
Il se souvient des réactions de la population, la fierté de certains de se dresser contre l’Etat, la solidarité mais aussi la peur face aux bombes qui ont tué une dizaine de personnes.
Dans son film de 70 minutes, il apporte de nouveaux éléments de cette période de l'histoire contemporaine de la Caraïbe.
J’avais le sentiment d’un goût inachevé sur les vraies raisons pour ce qui s’est passé. Je voulais comprendre pourquoi et le rapport de force entre l’État et les groupes indépendantistes.
Jean-Philippe Pascal, auteur du film "Les Nuits Bleues de l'Indépendance"
Quarante ans après, la parole se libère
Avec le réalisateur, Viannay Sotès, Jean-Philippe Pascal a enregistré de nouveaux entretiens avec les protagonistes de l’époque.
Pendant un an, il a travaillé avec Luc Reinette, leader du mouvement indépendantiste et de la lutte armée en Guadeloupe, âgé aujourd’hui de 72 ans.
J’ai ressenti une grande sincérité chez Luc Reinette, dans ses propos et ses convictions. L’homme n’a pas changé depuis 40 ans. La lutte armée n’est plus appropriée mais la lutte pour la dignité des compatriotes se poursuit pour lui.
Jean-Philippe Pascal
En 1980, Luc Reinette était membre fondateur du GLA (Groupe de Libération Armée) avant de créer l’ARC (Alliance Révolutionnaire Caraïbe) et le MPGI (Mouvement Populaire pour la Guadeloupe Indépendante). L’objectif c’est l’accession à l’indépendance par la lutte armée.
Entre 1980 et 1987, le gouvernement français a été confronté à une lutte armée. Des militants indépendantistes ont perpétré une centaine d’attentats à l’explosif principalement sur le territoire de la Guadeloupe mais aussi en Martinique, en Guyane et en France.
On dénombre une dizaine de morts et plusieurs blessés.
Arrêté, jugé et condamné à 23 ans de prison pour actes terroristes, Luc Reinette s’évade de la prison de Basse-Terre pour s’enfuir vers le Guyana. Lors d’une escale à Kingstown, capitale de Saint-Vincent et les Grenadines, il est arrêté et rapatrié vers la Guadeloupe.
A deux reprises, Luc Reinette est amnistié par l’État.
Les hommes de l'État
En tant que directeur de la direction de la surveillance du territoire (DST), Yves Bonnet a procédé à l’arrestation sur l’île de Saint-Vincent et des Grenadines de Luc Reinette et de trois autres militants indépendantistes
Yves Bonnet n’a jamais caché sa déception. "Tout ce travail d’enquête et de traque a abouti à la libération de tous les militants indépendantistes qui ont bénéficié d’une loi d’amnistie en juillet 1989".
Préfet de la Guadeloupe entre mars 1986 et novembre 1987, Il a eu pour mission le rétablissement de l'autorité de l’État.
Christian Charrière-Bournazel, est ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du barreau de Paris, âgé aujourd’hui de 76 ans. Il a été choisi par le gouvernement français entamer les négociations secrètes entre l’État et Luc Reinette.
Les médias
Deux journalistes ont également témoigné dans le film. D’abord Jacques Canneval, qui a connu la décennie trouble en couvrant les événements au sein de la rédaction de RCI (Radio Caraïbes Internationale).
Véronique Brocard qui, pendant toute la période des attentats, a traité les événements pour le quotidien Libération.
Elle s’est rendue à plusieurs reprises en Guadeloupe et était présente lors de l’attentat dans un restaurant à Pointe-à-Pitre qui a fait 3 morts et plusieurs blessés.
Le documentaire, "Les Nuits Bleues de l’Indépendance" sera diffusé en avant-première à la Martinique le lundi 12 septembre 2022 et sur nos antennes (télé et web).
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