C'est un tour de France des institutions qu'ont effectué les représentants des groupements de planteurs de bananes des Antilles.
Des rencontres à l'Élysée, à Matignon, à l'Assemblée Nationale, avec le Président de la FNSEA, celui des Chambres d’Agriculture de France et avec l’ODEADOM (Office de développement de l'agriculture d'outre-mer), rien de moins pour présenter en force les difficultés de la filière banane aux Antilles.
Depuis 10 ans, ce secteur agricole majeur en Martinique a perdu 20% de planteurs estiment les professionnels, et pour eux, il est de plus en plus difficile pour un exploitant de rentabiliser sa production.
Des pressions sanitaires importantes
Pour les producteurs de bananes antillaises, la lutte contre la cercosporiose noire et l'enherbement difficilement maîtrisable, entraînent une dégradation de la situation de la filière.
Selon eux "il n'y a pas d'accompagnement suffisant des autorités pour aider les producteurs à cultiver une banane vertueuse, c’est-à-dire sans pesticides et respectant l'environnement".
Aujourd'hui les producteurs réduisent l'utilisation de pesticides à 85%, mais cela aussi à un coût "qu'ils ne peuvent plus supporter".
En l'absence de traitements phytosanitaires efficaces, les planteurs estiment avoir perdu 30% de leur production, augmenter des surcoûts de main-d’œuvre et affaiblir la banane ainsi récoltée.
Une situation à laquelle ils ne peuvent plus faire face quelle que soit la taille de leur exploitation.
Aujourd'hui nous perdons 150 euros par tonne de bananes récoltées.
Alexis Gouyé, représentant de Banamart
L'aide européenne de 129 millions d’euros par an, ne suffit plus
Les producteurs de bananes guadeloupéens et martiniquais bénéficient d’une aide européenne de 129 millions d’euros par an depuis 2007 dans le cadre du POSEI (Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité).
Cette aide couvrirait que les salaires des agriculteurs. Les producteurs de bananes dénoncent aussi le fait de se voir privé de toute aide, sur le fonds de 10 millions d’euros annoncé par la Première ministre Élisabeth Borne, en soutien aux producteurs ultramarins de fruits et légumes, afin de compenser les effets de l’inflation.
Les professionnels de la banane estiment aussi avoir été ignorés par le gouvernement, qui n'a pas mis en place de cadre juridique pour permettre l'indemnisation de leur perte lors du passage de la tempête Bret en 2022, qui aurait anéanti 20% des récoltes de certains exploitants.
Demande d'une aide d'urgence conjoncturelle
La filière banane est donc en grave crise. En attendant la mise en culture d'une banane plus résistante à la cercosporiose noire, les 5 000 hectares de bananiers fragiles pourraient être remplacés en quatre ou cinq ans et la transition achevée en 2030.
Cette nouvelle variété de bananier permettrait d'éviter les surcoûts de production, tout en respectant l'environnement. Les agricultures souhaitent obtenir une aide d’urgence conjoncturelle pour leur permettre de passer le cap de cette transition nécessaire au renouvellement de leur culture.
Ils n'ont pour l'instant pas eu de résultats concrets du gouvernement. Ils estiment qu'en15 ans, la production de banane a baissé de 46 % et que dans un an le nombre de producteur de banane baissera de 22%.
Il faut sauver cette filière, avec laquelle nous construisons aussi la diversification agricole puisque nous produisons 6 à 7000 tonnes de cultures vivrières et maraîchères. Sans banane nous ne pourrions plus le faire.
Alexis GouyéReprésentant de Banamart