Maroc / France : davantage qu'un simple match de football

Objets publicitaires vendus avant la rencontre Maroc et la France
La demi-finale entre la France et le Maroc, ce mercredi, n’est pas uniquement un affrontement sportif. Dans le monde arabe, les considérations géopolitiques sont bien présentes en toile de fond de cette rencontre.

Ceux qui font semblant de croire que le sport n’a rien à voir avec la politique devraient lire la presse du monde arabe et singulièrement celle du Maroc, ainsi que celle du continent africain. Nous avons du mal à nous rendre compte, ici, de la symbolique forte attachée à la qualification en demi-finale du Mondial des Lions de l’Atlas (le nom de la sélection marocaine de football).

Pourtant, l’exploit de cette équipe est saluée en Syrie, en Mauritanie, en Jordanie, au Liban, en Arabie saoudite, en Algérie et aussi en Palestine occupée. D’ailleurs, la Palestine, membre de la FIFA, suit avec ferveur la Coupe du monde grâce aux écrans géants installés par le gouvernement qatari dans les territoires occupés par Israël.

Se sachant observés, les joueurs marocains arborent ostensiblement le drapeau palestinien, se faisant ainsi les porte-drapeaux d’une nation sans Etat. Un élément de renforcement de l’unité des pays arabes face à l’Occident, soulignent nombre d’analystes de ces pays.

La nation arabe trouve une nouvelle occasion de briller

Le sentiment de fraternité ouvertement exprimé dans le monde arabe correspond au sentiment de fierté éprouvée dans plusieurs pays d’Afrique noire également. Du Congo au Sénégal, en passant par le Cameroun et la Côte d’Ivoire, il est souligné que c’est la première fois qu’une sélection du continent parvient à ce stade de la compétition.

Les observateurs sportifs n’en sont pas étonnés. Plusieurs d’entre eux soulignent le bon état des infrastructures sportives du royaume marocain. Lesquelles permettent à des joueurs et à des entraîneurs de talent d’émerger et de briller dans les championnats nationaux et à l’étranger.

Le coach marocain, Walid Regragui n’est pas surpris par les bons résultats de son équipe. Il a déclaré plusieurs fois qu’il rêve de remporter la Coupe du monde cette année. Il a bâti, en trois mois seulement une équipe au mental et aux nerfs d’acier. Sa qualification contre l’Espagne a été saluée par le roi Mohammed VI. De quoi donner une confiance démesurée à un groupe qui n’était pas forcément attendu à ce stade.

Quel que soit le résulat du match contre la France, le gouvernement du Maroc compte bénéficier des retombées positives de l’événement sportif. Le régime va mettre à profit la compétition pour confirmer le rôle de passerelle qu’il a donné à son pays entre le Nord riche et le Sud pauvre, entre l’Occident et le monde arabo-musulman.

Pour s’en convaincre, le quotidien Asharq Al-Awsatproche du régime saoudien, écrivait dimanche dernier (10 décembre 2022).

Cette Coupe du monde est un moment de fierté arabe comme il n’y en a pas eu depuis la traversée du canal de Suez par les forces égyptiennes en 1973.

 Asharq Al-Awsat

En clair : la nation arabe a trouvé une nouvelle occasion de briller. Non pas par la musique, la langue ou la religion. Mais, cette fois, par le football, vecteur de messages hautement politiques.