Comme chaque année, les achats massifs de crabes pour la préparation du matoutou signalent l’arrivée imminente du week-end pascal. La population martiniquaise voue une attirance singulière pour cette créature d’apparence fragile. Comment comprendre cet attrait ?
Les crabes sont là. Bien sûr, ils ont toujours été là, avant même l’arrivée de nos lointains ancêtres. Et chaque année, à quelques jours près, nous nous adonnons à une gigantesque chasse au gastéropode, un véritable crabicide.
Un moment correspondant à la célébration de la fête religieuse de Pâques. Il y a comme un hiatus. Ce n’est pas le seul.
L’incontournable dégustation du matoutou est érigée au rang de fête nationale. Nous n’avons pas besoin d’hymne ni de drapeau pour communier en pareille occasion. Le matoutou est devenu au fil du temps un marqueur identitaire de notre peuple. Impossible d’y échapper, même si on ne goûte guère la chair (façon de parler) de ces innocentes bestioles ne demandant qu’à gambader en liberté.
Mais qu’avons-nous donc à nous en prendre ainsi à ces créatures inoffensives ? Serait-ce que notre attirance se nourrit de notre admiration pour elles ? Serait-ce que nous avons fini par nous identifier à notre crabe ? Nous savons à merveille imiter ses attitudes, il est vrai.
Le crabe est un adepte de la marche solitaire. Hormis de rares moments, il apprécie peu les déplacements de masse. Il défile rarement pour protester contre ses prédateurs. Il préfère domestiquer sa colère intérieure et passer à autre chose.
Il est aussi le champion du contournement d’obstacle. Inutile d’affronter le danger, le mieux est de zigzaguer, voire de reculer. La menace n’est pas supprimée, mais elle est momentanément évitée. L’adage : « Nou ké ni tan wè apré » (« Nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard ») est un principe érigé en système de survie.
Peu importe si le crabicide se renouvelle. Du moment qu’il n’est pas concerné en personne, le crabe ne prépare pas de contre-attaque. L’essentiel est de se prémunir, dans son trou, contre le profiteur. D’où la dureté de sa carapace, à force de prendre des coups, à force de résister aux menaces de disparition.
Pour de vrai, vous ne trouvez pas que nous ressemblons formidablement à nos crabes ?
Un moment correspondant à la célébration de la fête religieuse de Pâques. Il y a comme un hiatus. Ce n’est pas le seul.
L’incontournable dégustation du matoutou est érigée au rang de fête nationale. Nous n’avons pas besoin d’hymne ni de drapeau pour communier en pareille occasion. Le matoutou est devenu au fil du temps un marqueur identitaire de notre peuple. Impossible d’y échapper, même si on ne goûte guère la chair (façon de parler) de ces innocentes bestioles ne demandant qu’à gambader en liberté.
Le Martiniquais s’identifie volontiers au crabe
Mais qu’avons-nous donc à nous en prendre ainsi à ces créatures inoffensives ? Serait-ce que notre attirance se nourrit de notre admiration pour elles ? Serait-ce que nous avons fini par nous identifier à notre crabe ? Nous savons à merveille imiter ses attitudes, il est vrai.
Le crabe est un adepte de la marche solitaire. Hormis de rares moments, il apprécie peu les déplacements de masse. Il défile rarement pour protester contre ses prédateurs. Il préfère domestiquer sa colère intérieure et passer à autre chose.
Il est aussi le champion du contournement d’obstacle. Inutile d’affronter le danger, le mieux est de zigzaguer, voire de reculer. La menace n’est pas supprimée, mais elle est momentanément évitée. L’adage : « Nou ké ni tan wè apré » (« Nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard ») est un principe érigé en système de survie.
Peu importe si le crabicide se renouvelle. Du moment qu’il n’est pas concerné en personne, le crabe ne prépare pas de contre-attaque. L’essentiel est de se prémunir, dans son trou, contre le profiteur. D’où la dureté de sa carapace, à force de prendre des coups, à force de résister aux menaces de disparition.
Pour de vrai, vous ne trouvez pas que nous ressemblons formidablement à nos crabes ?