"Je suis toujours aussi émerveillée", nous confie d'abord la jeune femme originaire de la ville de Basse-Pointe (au nord de la Martinique), le fait de vivre au Canada . Après le collège, elle obtient au lycée de Sainte-Marie un baccalauréat en science de l’économie social. Puis elle se dirige vers l’établissement Joseph Gaillard de Fort-de-France, pour préparer son BTS (Brevet de Technicienne Supérieure) en économie sociale et familiale.
"Un rêve d’enfance" depuis le CP
Mais dès le cours préparatoire, Noémie caressait déjà le rêve de s’établir un jour en Amérique du Nord. En 2017, le songe devient réalité lorsqu’elle dépose ses valises provisoirement à Montréal, avant de s’installer à Trois-Rivères, une autre ville de la province Québécoise. C’est là qu’elle approfondira sa spécialité en intégrant l’université et à travers différents stages dans le domaine du travail social.
Diplôme de psychologie en poche, Noémie est affectée depuis bientôt 3 ans, à la direction de la protection de la jeunesse du Québec, où elle reçoit et traite des signalements d’enfants maltraités ou violentés.
Près de 400 000 travailleurs sociaux dont Noémie, dévoués à l’enfance
Je veille à ce que la sécurité et le développement des enfants ne soient pas compromis. Cela se passe essentiellement par téléphone et quand c’est nécessaire, j’envoie des intervenants sur le terrain pour des vérifications et des enquêtes complémentaires. À l’échelle de toute la province, on est environ 400 000 agents toutes catégories confondues. Rien que dans mon service, on traite des millions de dossiers et les situations les plus fréquentes concernent les idées suicidaires et les abus physiques et sexuels (…). Et il nous manque des moyens, car nous sommes disponibles H24.
Noémie Lebielle
Une femme proactive "au service des autres et des causes… j’aime ça !"
Lorsqu’elle referme ses dossiers sociaux, Noémie prolonge ses journées dans le monde associatif et politique.
Je suis également intervenante à temps partiel dans un centre communautaire une semaine sur deux toujours à Trois-Rivières. Il s’agit d’une maison d’hébergement, une sorte de banque alimentaire, où l’on assiste les résidents qui se retrouvent à la rue, pour tenter de les réinsérer par exemple. Et je participe aussi à un Regroupement d’Amazones d’Afrique et du reste du Monde (le RAAM), un mouvement qui promeut le leadership féminin. Et j’aime ça, être au service des autres et des causes.
Noémie
"Protéger la langue française" au Québec
La martiniquaise s’est investie par ailleurs dans la politique, dans "Le Bloc Québéquois" [le nom de son parti]. "Je fais de la communication et je suis dans l’exécutif, pour les intérêts du Québec et son indépendance, afin de protéger la langue française ainsi que la culture Québécoise".
Côté loisirs, Noémie aime voyager, "en Martinique bien sûr ; je suis souvent allée aux États-Unis, parfois avec des amis ou toute seule. J’aime bien aller dans les musées aussi et je marche beaucoup".
Mais Noémie a un souci avec l’anglais qu’elle ne maîtrise pas encore suffisamment, ce qui ne l’a pas empêché de faire la Une d’un magazine en février 2023, à la faveur d’une opération mettant en avant l’histoire de la communauté noire. Ce "Mag 2000" est distribué gratuitement dans tout le Québec.
J’ai été la première femme noire à faire la couverture de ce magazine à la suite d’un concours lequel consistait à défendre son leadership et j’ai été enchantée. Il s’agissait de parler de ses origines et de son développement dans la société ; il fallait que je me "vende" en fait (…). En principe, c’est un journal destiné aux hommes et aux femmes noirs qui entreprennent.
N. Lebielle
Grâce à ce concours, Noémie a été élue représentante 2023 de son association d’amazones et ambassadrice de l’année 2024. "En fait, c’est parce que je suis celle qui s’est le plus démarquée cette année, de par mes activités multiples".
"Au Québec, je me sens bien !"
Noémie Lebielle a fêté ses 27 ans le 21 novembre dernier, du haut de son mètre 79. "Pour le moment, je continue à me construire au Québec où je me sens bien, par le biais de mon travail et de mes actions communautaires et politiques".
Les valeurs de Noémie ? Celles de la famille. "Ma maman et moi on se parle tous les jours au téléphone (...). Et puis j’ai une philosophie qui me donne l’impression d’être très souvent en vacances, malgré mes nombreux engagements, en particulier au service d'autrui".