La vaccination n’a pas encore montré tous ses effets positifs pour juguler le virus Covid-19, mais les théories d’un complot mondial qui serait à l’origine de la pandémie fleurissent sur internet. Inadmissible et compréhensible à la fois
Les théories complotistes ne doivent pas être confondues avec les canulars. Les réseaux sociaux en sont saturés, mais aucune vie humaine n’est menacée par l’humour. Le complotisme est en vrai un ensemble de thèses farfelues et toxiques d’interprétation des faits. Farfelues car prenant leur fondement dans des croyances infondées. Par exemple : "la Terre se venge de l’homme en lui imposant le Covid".
Toxiques, car forgées volontairement selon les codes de la manipulation politique. Sur la pandémie, ces thèses proviennent majoritairement des officines de l’extrême droite des États-Unis et d’Europe. Des idées naïvement relayées en Martinique par certains militants autoproclamés décoloniaux.
Parmi les idées de la sphère complotiste, relevons quelques perles lues sur les réseaux sociaux ou dans les médias faisant la chasse à ces théories : "un plan pour installer une puce électronique dans notre corps" ; "la soi-disant pandémie est une stratégie pour nous museler", ou encore "un génocide planifié visant à tuer nos anciens". Variantes : un complot fomenté par un réseau international de pédophiles ayant son siège dans une pizzeria de Philadelphie.
Le complotisme s’alimente de la crise sanitaire
Ou encore : les vaccins à ARM-messager ne sont pas des médicaments, mais des agents de modification génétique pour dominer notre esprit. Et enfin : les antennes 5G pour téléphones mobiles sont des inventions sataniques.
Aux États-Unis, la mouvance néofasciste QAnon estime qu’un nouvel ordre mondial dirigé par des chefs d’entreprises multinationales vise à imposer à la planète une pensée unique au profit d’une nouvelle oligarchie soumise au règne de l’argent-roi.
Ses responsables supposés seraient l’improbable cartel pharmaceutique Big Pharma, les géants du numérique rassemblés sous la bannière de Big Data, les milliardaires George Soros et Bill Gates, ou, selon les pays, le gouvernement, tout simplement. Leur objectif est de gagner un maximum d’argent en contrôlant voire en réduisant la population planétaire.
Ces fadaises se répandent comme une traînée de poudre sur internet. Elles sont exposées régulièrement par les quotidiens Le Monde, Le Figaro, Libération, The New York Times et Courrier international ainsi que par France Inter et France Télévisions Le complotisme s’alimente de la crise sanitaire d’autant plus aisément que celle-ci est plutôt mal gérée ici et là. Et nous savons que les périodes d’incertitude sont propices à fournir des réponses simples à des questions complexes.
Que faire pour se prémunir de ces théories dangereuses ?
Tout d’abord, ne pas se fier à ses émotions, mais à son raisonnement. Et surtout, s’informer en vérifiant si les preuves avancées sont crédibles et si les experts mis en avant sont reconnus par leurs confrères. S’informer fatigue, c’est vrai, car il faut passer d’un journal à une télévision, d’une radio à un site numérique en faisant marcher nos méninges. Mais n’est-ce pas le prix de notre libre-arbitre et le signe de notre intelligence ?