Que se passe-il à la concession AAAM de Martinique ?

La concession AAM serait en grande difficultés.
Absence de pièces détachées, réparation difficile ou encore l'impossibilité de vendre des véhicules, la situation du concessionnaire distributeur exclusif des marque BBW et Mini en Martinique est compliquée. L’entreprise serait en redressement judiciaire depuis le mois dernier.

C'est une mobilisation du personnel menée lundi 16 septembre qui a donné l'alerte. Les employés de la concession dénoncent la mauvaise situation financière de l'entreprise ainsi que le licenciement injustifié du comptable. La direction lui reprocherait d’avoir divulgué des informations confidentielles au personnel. Des données qui concerneraient la mauvaise santé de l'entreprise.

Tout est gagé

En concession, depuis plusieurs semaines aucun véhicule neuf n'est reçu. Certains, déjà payés, ne peuvent pas quitter les locaux. Ils n'arriveraient plus à émettre les cartes grises faute d'agrément.  En atelier également, toute réparation est impossible. Une trentaine de véhicules sont en attente faute de pièces disponibles. Véhicules et matériels sont tous gagés.

Les outils ainsi que les véhicules sont gagés.

Nous ne recevons plus de pièce, nous ne pouvons pas en commander. Cela impacte également le service après-vente parce que nous ne pouvons plus réparer les véhicules, autant ceux déjà immobilisés chez nous que ceux qui arrivent en panne. Cela génère une très grande frustration auprès de nos clients. Cela entache la marque, nous génère des difficultés d'organisation et de fonctionnement.

Yohann Noiran, délégué syndical CGTM-FSM

interrogé par Franck Zozor

Selon les salariés de AAAM, une plainte a été déposée en juin dernier auprès du procureur de la République pour mauvaise gestion et abus de biens sociaux. Pour l'heure, il n'y a pas eu de suite judiciaire à cette affaire.

Le propriétaire reconnaît les difficultés financières, mais n'a pas du tout la même vision. Selon lui la crise sanitaire a aggravé une situation déjà compliquée.

J'ai repris cette concession en 2018. Nous ne sommes pas partis d'une société rentable. Il y a eu de gros efforts de fait, mais ça n'a pas été suffisant. J’ai investi 8 millions d'euros dans cette société et je suis caution personnelle sur tout. Nous sommes dans une situation aujourd'hui où l'entreprise est proposée à un autre groupe par la marque. De ce fait, il n'y a plus de financement possible pour nous. Nous sommes en attente du repreneur qui a été choisi par la marque qui doit se positionner et nous dire ce qu'il en est. Ce sont eux qui ont la main. Tout le monde sait, c'est le groupe Aubéry.

Rudolph Sperle, président de AAAM

interrogé par Pierre-Yves Honoré

Des garages en attente

Mais ces difficultés ont également des conséquences sur les garages spécialisés de l'île. Chez Jonathan au François, sept voitures de la marque allemande sont immobilisées de manière forcée dans ses locaux, faute de pièces. Pour certains clients, cette attente dure depuis des mois.

Ils sont obligés de louer un véhicule à longue durée. C'est contraignant pour le client et pour nous puisque nous sommes coincés.

Jonathan Rosine, responsable electro mécanicien du garage

interrogé par Aurélien Février

D'autres ont choisi de s'approvisionner en France hexagonale. Des garages rapidement dépassés faute de main-d’œuvre pour faire face à l'afflux de clients en cette période de crise.