Réparations pour l’esclavage et la colonisation incluses dans la déclaration finale du 75e Sommet du Commonwealth

Le Roi Charles III de la Grande-Bretagne au 75e Sommet du Commonwealth 2024.
La Grande-Bretagne refuse toute discussion sur son rôle dans la Traite négrière qui a enrichi les grandes familles et institutions britanniques. À l’exception de l'Angleterre, 55 pays membres du Commonwealth ont souffert des conséquences de l’esclavage et de la colonisation. Pour la première fois, la question des réparations est inscrite dans le texte final d’un sommet entre le Royaume-Uni et ses anciennes colonies.

Plusieurs études confirment que la Grande-Bretagne doit des trillions d’euros en réparations aux descendants des personnes mises en esclavage.

C’est pour cela que les gouvernements successifs de la Grande-Bretagne refusent toute discussion sur le sujet de la réparation.

Au Samoa, où le 75e Sommet du Commonwealth vient de s'achever, 55 des pays membres, venant de tous les continents du monde, ont parlé d’une seule voix.

Il est temps de discuter de réparations avec la Grande-Bretagne, le pays qui a colonisé tous les autres membres du groupe.

Les 56 membres du Commonwealth au 75e Sommet au Samoa.

La déclaration finale du sommet a affirmé que l’esclavage et la Traite négrière sont des crimes contre l’humanité et que les demandes d’une discussion autour de la justice réparatoire sont de plus en plus urgentes.

Les pays membres du Commonwealth, dont la majorité partage les mêmes expériences historiques de ce commerce odieux de l'esclavage, de la colonisation et de la dépossession des peuples indigènes, reconnaissent l’importance de cette question...il est temps d’ouvrir la discussion sur ces torts et sur les perspectives d’un avenir commun basé sur les principes d’équité.

Extrait de la déclaration de fin du 75e Sommet du Commonwealth

L'Angleterre ne payera pas de réparations

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a indiqué que la discussion autour des compensations financières n’était pas à l’ordre du jour du sommet. La Grande Bretagne a tout fait pour éviter le sujet des réparations.

Ma position c’est qu’on doit aller en avant. On ne changera pas l’histoire. 

Keir Starmer, Premier ministre de la Grande Bretagne au 75e Sommet du Commonwealth

L’esclavage a été aboli dans les colonies britanniques en 1833. Les esclavagistes ont été indemnisés pour la perte de leur main-d’œuvre gratuite.

Dans son discours, le Roi Charles III dont la famille a fait fortune dans la Traite, a évoqué “les aspects douloureux de notre passé.”

Il s’est aligné sur la ligne officielle du gouvernement britannique dont la politique est de ne pas payer les réparations.

Les autres 55 membres du Commonwealth affirment que les indemnités peuvent prendre la forme du développement du secteur de l’éducation, l’annulation de la dette et d’autres mesures de soutien économique.

Mia Mottley, premier ministre de Barbade qui soutient la demande de réparations pour l'esclavage avec Keir Starrmer, premier ministre de la Grande-Bretagne.

En Angleterre, des députés du gouvernement britannique ont condamné la déclaration du Premier ministre.

Diane Abbot, député dans le camp du Premier ministre, accuse Keir Starmer d'avoir "manqué de respect envers les dirigeants du pays du Commonwealth".

Le député Clive Lewis a trouvé étrange que le Premier ministre pense assister à un sommet du Commonwealth sans que la question des réparations ne soit évoquée.

Le premier ministre n’a pas écouté les déclarations de l’Union Africaine et de la CARICOM à ce sujet ?

Clive Lewis député britannique

Il accuse son premier ministre d’entretenir "une mentalité colonialiste."

Qu'est-ce que le Commonwealth ?

Le Commonwealth est composé de 56 pays (d'anciennes colonies britanniques) avec une population collective de 2,7 milliards, dont 60% ont moins de 30 ans. 

Le prochain Sommet du Commonwealth aura lieu en 2026 à Antigua et Barbuda.