Sénatoriales 2023 : le Parti Progressiste Martiniquais confirme son érosion sur la scène politique

Une réunion au siège de Trénelle, lors d’une intervention du maire de Fort-de-France, Didier Laguerre
L’absence du PPM du Palais du Luxembourg est une première depuis 1986. Cette défaite électorale sera-t-elle mise à profit par les dirigeants et militants de cette formation politique qui détient l’essentiel des pouvoirs dans les institutions locales ?

À quoi sert le PPM dans le PPM ? En langage décodé : quelle est l’utilité du Parti Progressiste Martiniquais dans le paysage politique de la Martinique ? La question se pose après ce nouveau revers subi aux élections sénatoriales. Pour la première fois depuis 1986, cette formation politique n’aura pas de sénateur. Rodolphe Désiré avait été le premier à entrer au palais du Luxembourg. C’était au début de la période de décentralisation, à la suite de l’élection du président socialiste François Mitterrand en 1981.

Cette période a correspondu dans les pays d’outre-mer à une certaine pacification des relations entre l’État et la mouvance anticolonialiste. Pacification relative, eu égard à la guerre civile en Nouvelle-Calédonie de 1984 à 1988. Néanmoins, cette époque a été celle durant laquelle les élus locaux se sont vus attribuer de larges prérogatives, compétences, pouvoirs et moyens afin d’administrer au plus près et au mieux leur territoire.

Avec Rodolphe Désiré réélu en 1995, le PPM comptait aussi Claude Lise au Sénat avant son départ en 2004 pour fonder le Rassemblement démocratique pour la Martinique (RDM) en 2006. Puis, Serge Larcher, élu sous l’étiquette "Divers gauche" en 2004 a été reconduit en 2011 avec le PPM. Enfin, Catherine Conconne a été choisie en 2017, avant sa démission en 2020 et la création de La Martinique Ensemble (LME) en 2021.

L’influence du PPM se réduit peu à peu

En 2023, l’influence du PPM se voit réduite. La défaite de son candidat, Raphaël Séminor, illustre cet affaiblissement. Il confirme les résultats mitigés des élections législatives de 2022, lors desquelles le PPM n’avait eu qu’un seul député sur les quatre. Des résultats eux-mêmes cohérents par rapport à ceux obtenus aux élections territoriales, un an auparavant.

La coalition Alians Matinik totalisait 38% des voix au second tour et 32% au premier. Elle ne dispose que d’un siège de majorité à l’assemblée, loin de la composition de l’assemblée précédente, la majorité du Gran sanblé pou ba péyi-a an chans disposant alors des deux tiers des élus.

En dépit de la stratégie d’alliance avec des mouvements et des personnalités ne partageant pas forcément le socle de ses valeurs, le Parti progressiste ne parvient plus à freiner sa lente érosion. L’une des causes est à rechercher dans la confusion entre la gestion des institutions et la direction d’une formation politique. 

Découpler la gestion de la CTM et le pilotage du parti ?

Ce qui vaut pour le PPM, dont le président est aussi le président de l’organe décisionnaire de la Collectivité Territoriale de Martinique, a valu pour d’autres. Les militants les plus aguerris sont aspirés par les tâches urgentes et exigeantes de maire, de conseiller territorial ou de parlementaire. 

Peu à peu, ils perdent le recul et la hauteur de vue nécessaires pour que leur organisation se réinvente, forme ses militants, définisse une vision pour son pays et mobilise le peuple. Le MIM a été piégé par ce syndrome du militant devenu élu. Nous en voyons le résultat. À son tour, le PPM vit ce phénomène.

Dès lors, faut-il découpler la gestion des collectivités du pilotage d’un organe politique ? Faut-il revoir la distribution des rôles entre les instances du PPM ? Faut-il adapter la ligne politique et le mot d’ordre d’autonomie aux nécessités du moment et au monde d’aujourd’hui ?

La réflexion est d’autant plus urgente que la nature politique a horreur du vide. Les concurrents de l’une des plus anciennes de nos formations politiques, avec le Parti communiste, ne vont pas l’aider à remonter la pente glissante sur laquelle il s’est engagé, bien au contraire.