Tatoueur accusé d'agressions sexuelles en Martinique : les avocats plaident pour une justice sereine

Les avocats Tifany de la Poix de Fréminville (à gauche) et Phillipe Senart
Depuis le 19 août, des accusations d'agressions sexuelles visant un tatoueur sur le compte Instagram #balance ton porc Martinique provoquent beaucoup de remous. Les avocats des accusatrices et de l'auteur présumé des faits, tentent de donner la priorité à la justice.

Le nom d'un célèbre tatoueur de Fort-de-France a été rajouté sur le compte Instagram #balance ton porc Martinique. Depuis, d'autres témoignages anonymes sont publiés.

Il y a une dizaine de victimes qui m’ont contacté et qui sont prêtes à porter plainte. D’autres me contactent aussi mais ne sont pas encore prêtes pour les suites judiciaires. Certaines hésitent à déposer plainte car elles ont peur. Il y a beaucoup de choses qui remontent avec les différents témoignages sur le site. La justice est extrêmement préoccupée par ce cas, tout comme les gendarmes et le procureur. Ils sont en attente des plaintes des différentes victimes pour pouvoir mettre en action l’action publique. Là, l’idée c’est de réunir les victimes pour pouvoir déposer une plainte et que les poursuites soient effectuées et que la justice soit en mesure d'accomplir son travail.

Tifany de la Poix de Fréminville, avocate au Barreau de Fort-de-France, représente les victimes présumées de #balance ton porc Martinique

Le tatoueur déjà mis en cause dans une autre affaire ?

Des témoignages, toujours anonymes, assurent que le tatoueur aurait été mis en cause déjà dans une affaire de violence sexuelle. "Je n’ai pas connaissance du casier judiciaire de ce monsieur. Je ne connais pas ses antécédents, je ne sais pas la manière dont les choses ont été traitées. Peut-être qu’une plainte a été déposée, qu’elle a pris du temps pour être traitée, ou s’il y a une enquête préliminaire", ajoute l'avocate.

"Il faut d'abord enquêter"

Philippe Senart, l'avocat du présumé violeur se plaint du traitement dont est victime son client.

Je pense qu’il faut d’abord enquêter. Il y a un certain nombre de règles qui existent. Quand vous avez ce déferlement et ce lynchage sur les réseaux sociaux, les victimes ont une femme, des enfants, de la famille...Cela est inadmissible. On a les moyens de saisir la justice.

Philippe Senart, avocat

"Je ne m'exprimerai pas sur les faits"

L’avocat aborde ensuite un deuxième point sensible. "Une fois que vous avez eu ce déferlement sur les réseaux sociaux, comment voulez-vous que la justice juge de manière sereine ? Vous avez déjà quelqu’un dont on vous dit "il faut le condamner, que fait la justice, que fait le préfet, que font les gendarmes ?" Cela me heurte profondément. Je ne m’exprimerai pas sur les faits".

L’avocat du présumé agresseur sexuel, s’interroge sur la cagnotte lancée en faveur des victimes. L’objectif annoncé est de pouvoir subvenir aux différents frais de justice. Il affirme que des aides existent, comme l’aide juridictionnelle pour les personnes qui n’ont pas les moyens.

Présomption d'innocence

Enfin Philippe Senart met en garde contre ce phénomène et rappelle la présomption d’innocence. "Que tous ceux qui sont contents de ce qui se passe, fassent très attention. Demain, eux-mêmes, un de leur proche, peuvent être considérés, car ne plaisant pas à X ou Y, simplement en quelques clics sous prétexte de rompre le silence, comme des gens coupables. Cela, non ce n’est pas la justice".

Pour que la justice puisse examiner l'affaire, il faut qu’une plainte soit déposée. Elle est en cours d'élaboration assurent les plaignantes.