Pour ce début de Tour, Prixe /Banamart a pris la 11e place lors de la première étape, l’équipage a terminé à la 10e place du prologue. Pas de quoi atteindre le moral des troupes.
Myrtha Melidor-Fuxis préside l’association de Baie des mulets. Echanger avec elle est l’occasion de comprendre le fonctionnement de cette structure vauclinoise mais aussi, d’évoquer la place des femmes au sein de la fédération des yoles rondes.
Avant d’évoquer le présent, que gardez-vous du Tour 2019?
Myrtha Melidor-Fuxis : "Qu'est-ce que je garde de 2019 ? En fait, une année difficile avec beaucoup de départs et un tour disputé avec des jeunes de l'association Gommiers et Traditions qui font l'expérience de leur premier tour de Martinique en yoles. Ça a été douloureux mais j’ai été heureuse de transmettre un pan de notre tradition à la jeunesse".
Comment avez-vous fait pour garder votre équipage motivé par la pratique de la discipline, malgré l'absence de tours ces deux dernières années en pleine crise sanitaire ?
"Sincèrement, ça a été vraiment compliqué avec le contexte Covid mais la pratique de la yole a été l'une des activités qui a été autorisé assez rapidement. Cependant, la compétition n'était pas possible et cela n'a pas forcément attiré de nouveaux pratiquants mais les yoleurs savaient la chance qu’ils avaient de naviguer après la période de confinement. Je pense que ça a aidé à passer les moments difficiles et comme c'est une activité en plein air ajoutée au protocole sanitaire, les yoleurs se sentaient à la fois libres et en sécurité".
Mariage expérimental pour Baie des mulets et Zizitata
Quand a débuté la préparation du Tour pour Prixe/Banamart ? Est-ce que comme d’autres, cette saison a été marquée par des nouveautés au sein de votre association ?
"La préparation du tour se fait dès le début de saison à travers des entraînements réguliers ce qui nous mobilise énormément le week-end. Evidemment, il y a également la participation au championnat pour évaluer votre navigation par rapport aux autres yoles.
Là, cette année, la nouveauté c'est que notre association de la baie des mulets et l'association Zizitata ont été autorisées à faire une entente depuis le mois de mai. Nous avons commencé sous notre propre bannière et depuis mai, nous faisons la compétition ensemble. Les deux associations vauclinoises vont donc concourir ensemble pour le reste de la saison et pour le tour. Cela laisse la possibilité à Zizitata de rester un membre à part entière de la fédération des yoles.
Pour réussir cette alchimie entre nous, il a fallu faire preuve d'innovation face aux problématiques des uns et des autres, surtout avec l'ambition de préserver un patrimoine et une activité. Ainsi, avec l'accord de nos sponsors, Prixe et Banamart et celui de la FYRM (Fédération des Yoles Rondes de Martinique) on a décidé de mettre en exergue la solidarité vauclinoise. Il faut noter que c'est une dérogation exceptionnelle, autorisée pour cette année compte-tenu des conséquences et du contexte sanitaire".
Dans un monde dit masculin, vous présidez l’association Entente Baie des Mulets/Zizitata, quelle est la touche féminine pour mener à bien l’activité ? Quels sont vos objectifs pour ce 36e Tour de Martinique?
"Je préside l'association de yoles rondes de la Baie des mulets et Johan Magdelonnette préside celle de Zizitata. L'entente est portée au niveau de la FYRM par notre association. Il s'agit de partager des forces et des moyens de montrer la solidarité vauclinoise et de porter une belle ambition pour le tour. Je préside l'association depuis longtemps et cela se passe très bien, d'ailleurs chez nous les trois quarts du comité est composé de femmes. Il faut aussi noter que nous avons aussi accueilli des yoleuses depuis 2019".
Des efforts à faire pour faciliter la pratique féminine
Quelle place pour elles alors ?
"On se rend bien compte que c'est un sport majoritairement pratiqué par des hommes et qu'il y a encore des considérations à prendre en compte pour faciliter la pratique féminine. Par exemple, je pense aux toilettes et des lieux pour se changer lors des courses. Mais, j'observe que les gens s'effacent devant le partage de la passion pour la yole. La touche féminine dans la gestion d’une structure comme la nôtre ? Bien, je crois que c'est d'être à l'écoute des coursiers. La pratique de la yole est rude physiquement et cela prend beaucoup le week-end donc il faut qu’on s'assure de leur bien-être. Je crois que le fait que nous soyons des femmes facilite la venue et l’adhésion des familles. Par rapport à la présence des femmes, je pense sincèrement que les coursiers ont besoin de cette présence féminine. Chez nous, on peut parler de véritable famille. Nous ne sommes pas une grosse machine, nous avons gardé l'âme des courses du dimanche et de l'ambiance qu'il y avait lors des courses des anciens".
Quelle est votre ambition pour cette 36e édition du tour ?
"Notre objectif est de terminer ce tour parmi les six premiers".