Crainte du retour forcé au pays, mais aussi félicitations chaleureuses et impatience de collaborer avec la nouvelle administration américaine. Les pays de la Caraibe ont réagi diversement à l'élection de Donald Trump.
Dans les pays de la Caraïbe, politiciens et universitaires ont réagi à l'élection de Donald Trump en tant que 45e président des États-Unis. Il y a certes l'espoir du maintien de bonnes relations avec Washington, mais les prises de position de Donald Trump face à l’immigration conduisent certains à envisager un afflux de ressortissants caribéens rentrant chez eux.
Retours en masse
C’est le cas de Hilary Beckles, Chancelier de l'Université des West-Indies (UWI), qui conseille aux pays de la Caraïbe à se préparer à faire face au retour en masse de leurs citoyens qui avaient émigré aux USA. "Vous serez témoin du retour de nombreux citoyens des Caraïbes hors de l'Amérique du Nord et nous devons nous préparer à la migration de retour. Comprenez que ce sont là des forces qui seront déchaînées", a déclaré l’universitaire lors d’un colloque.
Hilary Beckles a rappelé qu’il y a déjà eu par le passé une situation similaire lorsque Margaret Thatcher avait remporté les élections en Grande-Bretagne en 1979 avec des idées très proches de celles de Donald Trump sur l'immigration. On avait alors assisté à un début de migration très nette de citoyens caribéens hors de la Grande-Bretagne.
La Jamaïque félicite le nouveau président
Les réactions politiques sont plus nuancées. Le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, a félicité le nouveau président étasunien. Il a rappelé que la Jamaïque a toujours honoré "l'amitié et la coopération qui ont façonné les relations bilatérales avec les États-Unis depuis plus de 50 ans". Le Chef du gouvernement jamaïcain a émis le souhait que de nouvelles opportunités soient explorées, ainsi que le désir de renforcer les relations entre les États-Unis, la Caraïbe et la Jamaïque.
Portia Simpson Miller, porte-parole de l'opposition jamaïcaine, a exhorté le nouveau Président à "combler rapidement le fossé politique aux États-Unis et à essayer de construire des ponts au niveau international, pour continuer à promouvoir la paix et le développement dans le monde". Portia Simpson Miller, battue aux élections générales de février dans son pays, à la tête du Parti national du Peuple (PNP), a adressé, dans un message, ses "sincères félicitations" à Donald Trump. Elle estime qu’avec cette élection, Donald Trump rejoint "le cercle fermé des hommes qui ont atteint la distinction de Leader du Monde libre". "Cette distinction implique une lourde responsabilité, car le Président des États-Unis a une influence majeure sur les affaires mondiales", a-t-elle déclaré.
Le Guyana impatient
Le président du Guyana, David Granger, a déclaré, lui, qu'il était impatient de travailler avec la nouvelle administration américaine. Pour lui, les élections ont été transparentes ; raison pour laquelle le Guyana respectera le choix démocratique du peuple étasunien. Pour le président guyanien "les États-Unis jouent un rôle clé dans la sécurité de cette partie du monde et ont fourni, au fil des ans, des milliards de dollars au Guyana et à d'autres gouvernements des Caraïbes dans le domaine de la sécurité".
La Grenade intéressée
Le Premier ministre de Grenade, Keith Mitchell, a déclaré qu'il voulait féliciter le peuple des États-Unis pour "sa forte participation au processus démocratique". "Il est intéressant de noter qu'il y a eu un engagement exceptionnel de la population et que Donald Trump a obtenu un large mandat", a-t-il déclaré, avant d’ajouter que Saint George's chercherait "à maintenir des relations solides avec la nouvelle administration de Washington".
Le Chef du gouvernement grenadien se dit conscient que Donald Trump arrive au pouvoir à un moment où les défis pour sa nation, et même pour le monde, sont réels et complexes, mais espère que les États-Unis poursuivront leur engagement dans des domaines d'intérêt mutuel pour Grenade et les Caraïbes, en particulier dans le commerce, la sécurité, l'immigration et le changement climatique. "Grenade attend avec intérêt la poursuite du dialogue de la Caraïbe et de l'Amérique latine avec les États-Unis. Cela implique l'approfondissement des engagements avec les nations de la région et le respect permanent de la souveraineté des états, petits et grands", a déclaré Mitchell.
Saint-Kitts et Nevis lucide
Son homologue de Saint-Kitts et Nevis, Timothy Harris, a déclaré qu'il était impatient de renforcer les relations de longue date entre son pays et les États-Unis. Dans un message de félicitations adressé au président élu, Timothy Harris a parlé de "victoire décisive".
Il a tenu à souligner que le nouveau locataire de la Maison Blanche n'avait pas "d'expérience politique ou militaire, mais disposait de solides compétences en affaires et en négociation". "Mon gouvernement et moi-même sommes impatients de vous voir gouverner (...). Votre message émouvant de changement a stimulé et électrifié l'électorat américain et a changé le registre politique", a-t-il ajouté.
Antigua, félicitations pour Hillary
Pour sa part, la députée d'opposition d'Antigua-et-Barbuda, Joanne Messiah, a préféré féliciter Hillary Clinton pour son œuvre, déclarant que les femmes ont toujours dû lutter davantage que les hommes pour obtenir le pouvoir politique.
"Je ne pense pas qu'on puisse contester que la barre reste toujours haute pour les femmes en position de leadership politique. Nous ne sommes pas jugés sur les mêmes critères et nous l'avons vu dans le cas d'Hillary Clinton. C'était très flagrant", a-t-elle dit dans une interview sur la radio antiguaise. "La majorité des hommes blancs ont voté pour Donald Trump" a-t-elle encore fait remarquer.
Enfin Jean Henry Céant, qui est l'un des candidats à l'élection présidentielle en Haïti le 20 novembre prochain, a félicité le nouveau président des États-Unis Donald J. Trump et le peuple étasunien.